Nécromancienne

Ses pieds nus s’enfonçaient mollement dans la neige, dans un bruit d’affaissement et d’écrasement. Ses pas étaient lents, hasardeux et faibles. Son corps avançait sans qu’elle ne le commande réellement, abrutie par la fatigue et le froid. Sa robe était d’un blanc sale, couverte de cendres, et ses longs cheveux ébène aux reflets bleutés lui retombaient aussi bien dans le dos que sur son visage humide de larmes. Sa gorge était sèche, ses lèvres gercées, son souffle saccadé. Respirer cet air glacial était un supplice pour ses poumons et elle ne parvenait pas à arrêter de pleurer. Sa voix était nouée par la peur et l’hiver qui réprimaient toutes formes de suppliques.
Elle marchait derrière un immense cheval noir qui voyageait avec son chevalier à l’armure et à la cape aussi sombre et glaciale qu’une nuit d’hiver. Cet homme ne se retournait jamais pour s’inquiéter du sort de sa prisonnière. Il tenait d’une main les rennes de son destrier et de l’autre la corde qui ligotait les poignets de sa proie. L’animal avançait lentement mais il allait, malgré tout, bien trop vite pour la fille. Plus d’une fois ses pieds gelés la firent trébucher sur ce tapis blanc, et si elle ne se dépêchait pas de se relever, le cheval la traînait sans aucune forme de pitié. La fatigue était tellement présente qu’elle ne sentait plus la neige lui mordre les jambes et le bout de ses doigts. Elle ne ressentait plus la douleur ni les brûlures à ses poignets causées par sa corde. La prisonnière tanguait dangereusement, ses yeux peinant à rester ouverts. Sa limite était atteinte, elle chuta lourdement dans ce chemin blanc où le chevalier l’entraînait lentement vers une mort certaine.