Mélanie

Bourgeon

Mirabilis était une Séraphine qui avait décidé de quitter le territoire des anges pour rester sur la terre des mortels. Elle trouvait cet endroit bien plus amusant, stimulant et intéressant. La cour des anges ne la passionnait guère et elle tenait en horreur l’arrogance des autres Séraphins. C’était une femme réputée indomptable et têtue. Ses idées pour chambouler toute la hiérarchie angélique ne faisaient pas l’unanimité mais elle ne cherchait pas forcément à les appliquer. Elle voulait se libérer de ses chaînes et de ses règles et traditions absurdes. Elle aimait provoquer la discorde pour rappeler une chose fondamentale : on ne lutte pas contre son sang Séraphin. Elle gagne le surnom de « Mirabilis la Dissidente ».
Ce fut sur la terre des mortels qu’elle s’amusait à flirter aussi bien avec les humains que les démons, une chose que les autres anges voyaient d’un très mauvais œil. Que cherchait-elle à provoquer encore ? Voulait-elle ruiner tout son héritage angélique ? Ce fut ainsi que l’inévitable se produisit : Mirabilis donna naissance à un sang mêlé. Et pas qu’un seul, car elle enfanta de quintuplées, toutes des filles. Elle les éleva sur la terre des mortels, accompagnée par ses plus fidèles Archanges, Rieta et Gabriel. Mirabilis les combla d’amour, et leur enseigna aussi bien les coutumes des humains que celles des anges, car puisqu’elles étaient des sang-mêlés, elles portaient l’héritage de deux mondes.

Éclosion

Mélanie grandit dans le manoir Étincelas, celui se trouvant sur la terre des mortels. Elle fut élevée comme une petite fille de la noblesse humaine, privilégiée et riche. Elle avait accès à tout ce que les enfants de son âge de la haute bourgeoisie et de la noblesse pouvaient avoir : les leçons, les activités… C’était une excellente musicienne et elle adorait jouer du piano avec sa sœur Mathilda qui l’accompagnait au violon. Elle aimait également les cours d’équitation, ce qui lui permettait de courir librement et d’extérioriser toutes ses frustrations. En réalité, elle aimait plus que tout être hors du manoir. Lorsqu’elle était enfermée dans sa chambre, elle avait des précepteurs attitrés et stricts. En tant qu’héritière du nom Étincelas, elle devait être formée pour succéder au titre de sa mère. Si elle devait jouir de ses privilèges, elle devait assumer ses responsabilités et la gestion des différents domaines. Mélanie était une enfant sage, qui obéissait aux attentes des adultes. Seulement, plus elle répondait à leurs exigences, plus elle s’éloignait de ce qui était réellement important pour elle : ses sœurs et ses amies. Elle ne baissa pas les bras. Tous ses efforts finiraient par payer.

Floraison

Vers ses dix ans, un incident terrible se produisit au sein du manoir. Ils subirent une attaque ciblée et Mirabilis fut froidement exécuté. L’assassin se trouva être un démon, qui fut également éliminé après un long et terrible interrogatoire. Une attaque isolée ? Le Clan Étincelas était secoué. Rieta, la Chérubin et la première Archange de Mirabilis, décida de retourner sur le territoire angélique pour gérer la situation là-bas, tandis que Gabriel, resta sur la terre des mortels pour veiller sur les quintuplées. Ce fut une longue période de deuil et de questionnement.
Mélanie avait perdu sa tendre mère, qui avait toujours su répondre à ses questions et rassurer ses doutes. Désormais, elle avait perdu l’un de ses piliers et elle rabattit toutes ses craintes sur Gabriel. Il était le seul à pouvoir l’aider, car sans lui, jamais elle ne deviendrait la Séraphine qu’on attend d’elle d’être. Les années passant, Mélanie avait beau être jeune et naïve, elle n’était pas idiote pour autant. Elle savait que ce meurtre n’était pas un acte isolé. Une Séraphine assassinée sur la terre des mortels et les autres clans angéliques qui ne lèvent pas le petit doigt ? Elle avait entendu les inquiétudes des adultes et elle fit son propre raisonnement. Mirabilis la dissidente, sa mort devait satisfaire les autres clans. Sa mère qui n’arrêtait pas de lui dire que son sang-mêlé était une bénédiction, l’héritage de l’union de deux peuples et de deux cultures, elle se demandait si elle avait véritablement raison ou si ce n’était pas plutôt une malédiction…
Proche de ses vingt ans, Mélanie redoutait fortement cet âge. Elle avait beau faire de son mieux, ce n’était jamais suffisant. Que ce soit le monde des humains ou celui des anges, on exigeait toujours plus, il fallait qu’elle soit absolument irréprochable. Après tout, n’était-elle pas destinée à être la prochaine Séraphine ? Il fallait qu’elle soit à la hauteur, car elle savait que les autres clans angéliques seraient prêts à blâmer son sang humain. Il fallait qu’elle soit forte, car elle devait protéger ses sœurs de la haine des peuples. Il fallait qu’elle soit courageuse, son chagrin ne pouvait pas devenir une entrave. Il fallait qu’elle soit parfaite.

E̶x҉ţ͟i͏̶̡n͏̶̵͞c̵̨̡̛̀t̴̀͏̧̛į̶̨́͜͝ǫ̧̛́́͟͜ņ͘͘̕͘͝͏̡

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