Histoire

Laon ne sait pas trop où et quand il est né : ce qu’il sait, c’est qu’il a grandi dans le village de Borluce avant d’être séparé de son frère et de sa sœur à ses 4 ans et d’être envoyé sur Centerre. Sur le continent des humains, le jeune garçon se retrouve dans une famille d’accueil assez modeste. La matriarche a déjà recueilli plusieurs enfants des rues et vit dans une maison juste assez grande pour eux tous. La femme, si elle est sévère, est en fait quelqu’un de profondément gentil qui donnerait tout pour ses enfants, et elle se retrouve régulièrement à protéger le petit Laon contre les remarques de ses frères et soeurs d’adoption. En effet, en plus d’avoir les yeux rouges, chose particulièrement rare chez les humains, un mage alchimique intervient régulièrement dans la maison pour s’occuper du petit garçon - même si Laon a surtout l’impression d’être un monstre de foire qu’on observe sous toutes les coutures pour mieux comprendre. Ces faits provoquent les moqueries de la fratrie. En plus, il est très timide et il ne parvient donc pas à s’imposer comme il le faudrait : c’est sa mère adoptive qui le protège régulièrement jusqu’à faire comprendre aux autres à coup de punition et autre discussion qu’il est un enfant normal.

À partir de ce moment-là, ses frères et sœurs adoptifs le laissent plus ou moins tranquille. Mais malgré les efforts de tout un chacun, Laon comprend qu’il ne sera jamais complètement intégré à la famille. Les disputes et moqueries ont profondément ancré ses relations et le petit garçon, alors âgé de 7 ans, s’est trop éloigné des autres pour réussir à discuter ou même jouer avec eux. Ils font semblant, bien sûr, pour que la matriarche ne les gronde pas : mais ils savent tous qu’ils n’arriveront pas à s’entendre comme elle le voudrait. Cela a pour effet de le renfermer plus encore sur lui-même.

C’est à cette période-là que la mère adoptive les envoie à l’école à côté de chez eux, après avoir assuré leur éducation comme elle le pouvait : les moqueries qui se sont atténuées à la maison deviennent alors plus virulentes, incarnées par ses camarades de classe qui se font un malin plaisir à le maltraiter.

Le petit Laon revient donc régulièrement à la maison avec des bleus qu’il essaie de cacher tant bien que mal : il ne veut pas s’attirer la colère de la matriarche, ni du mage alchimique qui lui pose trop de questions à son goût.

Mais la mère finit par le remarquer et, loin de le gronder, elle décide de régler les choses de son côté lorsqu’il atteint ses 11 ans, après avoir fait remonter régulièrement le problème. Il ne sut jamais précisément ce qu’elle leur avait fait, mais les garçons ne le regardèrent jamais plus du même œil, et les mères comme les pères évitèrent du mieux possible la maison. En parallèle, la matriarche inscrit son fils adoptif à des cours de combat pour qu’il puisse mieux se défendre, espérant en même temps qu’il arrive à faire ressortir tous les ressentiments qu’il a en lui et ainsi à un peu plus s’ouvrir aux autres. Le garçon se découvre alors une véritable force physique malgré sa maigreur et une grande rapidité ; il profite de ces séances hebdomadaires pour se défouler du mieux qu’il peut, mais reste toujours aussi renfermé sur lui-même. La seule amélioration visible fut ses rapports avec sa mère adoptive : il devient plus proche d’elle, comme en remerciement de ce qu’elle avait fait pour lui. Il réussit même à s’ouvrir à elle, comme elle l’avait espéré. En revanche, cette relation toute particulière ne fait que compliquer ses rapports avec ses frères et sœurs d’adoption. Cela se finit par une dispute particulièrement violente l’année de ses 16 ans : l’adolescent décide alors de quitter la maison, sans consulter personne, n’emportant que ses affaires avec lui, oubliant ses rendez-vous réguliers avec le mage alchimique, qu’il n’aimait pas de toutes façons.

Il décide dans un premier temps de trouver refuge dans le gymnase où il pratique sa boxe : mais son entraîneur, son autre confident, décide trop rapidement de rappeler la mère adoptive du garçon, ce qu’il prend pour une sorte de trahison. Il finit par partir, trouvant un squat dans la ville la plus proche où les combats de rues sont organisés comme des tournois. Il trouve là un bon moyen de gagner un minimum d’argent et de se nourrir à peu près convenablement. S’il n’est pas le meilleur des combattants, le jeune homme se fait rapidement un nom grâce à ses yeux rouges, à sa hargne et à un style de combat très vicelard qui l’a fait gagner plusieurs combats pourtant perdus d’avance : il devient le Serpent Rouge. Lors d’une soirée un peu trop arrosée après un combat, à ses 17 ans, il décide même de se faire tatouer sur le dos ce symbole.

L’avantage de cet endroit, c’est aussi qu’on le laisse plutôt tranquille : les gens parient sur lui, mais presque personne n’ose venir le voir après les combats clandestins, étant trop effrayé pour le faire. Et pas besoin de timidité pendant les combats : au milieu de l'arène improvisée, il se perd dans la bataille et ne fait plus cas de tous les regards braqués sur lui. Il connait quelques déboires, bien sûr : un adversaire un peu trop fourbe qui apporte un couteau en combat, ce qui lui valut une belle cicatrice soignée avec les moyens du bord ; des séjours fréquents en prison lorsque les policiers parviennent à arrêter un combat ; des vols d’argent qui eurent lieu à plusieurs reprises lorsqu’il dormait, épuisé après un combat... Même s’il n’aime pas particulièrement cette vie, ici, personne ne l’embête pour son physique qui devient même une signature, et il peut au moins se défouler comme il le veut.

Après un combat particulièrement difficile qu’il perdit, il aperçoit une demi-elfe avec un air familier. Intrigué, il la suit avant d’apprendre qu’il la connaissait effectivement : c’était elle qui l’avait séparé de son frère et de sa sœur, quand il était encore un enfant. Elle vient désormais le chercher pour que les triplés se rassemblent, en dernier espoir pour arrêter quelqu’un qui avait été comme un frère pour eux. C’est l’histoire qui sera conté dans Ames.