Un grand malheur

Né d’une famille de noble réputée, le petit garçon qu’était Prime autrefois ne manquait de rien : ses parents lui donnaient tout l’amour du monde, il avait eu accès aux privilèges de l’éducation et un maître d’armes qui lui enseigna bien vite la voie de l’épée ; le jeunot était passionné par les récits de son père vantant les hauts-faits de leur lignage, souhaitant devenir un épéiste aussi accompli que ses ancêtres.
C’est à l’aube de son adolescence que la chute de son équilibre familial se produisit : alors que son père et sa mère lui annoncèrent l’arrivée d’un petit frère, ce dernier fut malheureusement mort-né, ne survivant pas à un accouchement difficile. Les parents furent détruits par cette tragédie, et malgré plusieurs tentatives, le père ne réussit plus jamais à mettre sa compagne enceinte.
Les tensions dans le couple explosèrent à la suite de cet évènement ; la femme s’éloigna progressivement de son mari, qui quant à lui, sombra dans une profonde dépression. Le jeune garçon ne savait comment réagir, partagé entre le deuil de son feu petit frère et la tristesse qu’il ressentait pour le couple brisé de ses parents.

Trahison

Suivant sa mère qui s’absentait de plus en plus de leur cocon familial désormais livide, Prime découvrit ainsi que cette dernière vivait une double vie avec un autre homme : l’annonçant finalement à son fils et son père, elle révéla également que son amant l’avait mise enceinte, n’ayant jamais réussi à supporter la mort de leur dernier enfant.
Le mari supporta très mal la nouvelle : son moral déjà au plus bas se brisa complètement, n’ayant plus aucune volonté de vivre. Sa femme proposa également à Prime de venir vivre avec elle et son nouveau compagnon, mais ce dernier refusa promptement, outré par le comportement de sa mère. Restant auprès de son père, il fit au mieux pour s’occuper de lui, malgré son dégoût désormais constant pour la vie.
C’est à cette période charnière que Prime prit la décision qui allait bousculer complètement sa vie et ses perspectives d’avenir ; pensant suivre les idéaux de son lignage en apportant une justice morale, il s’infiltra dans la demeure de sa mère jusqu’à la chambre de la petite fille ayant naquît depuis peu. Bien que cette dernière lui offrît un regard empli d’innocence, la lame de Prime n’hésita pas, tranchant sans vergogne la gorge du bébé sans hésitation, d’un pragmatisme glaçant.
Fier de son acte, il alla en informer son père alors que les parents découvrirent le corps de leur enfant avec effroi et désespoir. Ne voulant tout d’abord pas croire que son fils ait pu commettre un tel acte, le père resta un moment dans le déni jusqu’à l’arrivée de la nouvelle officielle : la mort de la fille de son ex-épouse et son compagnon.

Un démon

C’est ainsi qu’il appela son fils. Une créature des enfers. Il le somma de disparaître de sa vue à jamais, et de ne plus s’approcher de lui ou de sa mère. Le jeune homme ne comprit pas immédiatement la portée des mots, et ce n’est que lorsque son père dégaina sa lame d’antan, exposée depuis des décennies au-dessus du foyer du salon, qu’il se rendit compte qu’il n’était plus le bienvenu ici. Tentant de le raisonner, le débat se finit par un duel générationnel, où la rage de l’aïeul primait sur la naïveté du jeune.
Désemparé, Prime s’enfuit de sa demeure, le cœur agité, troublé, rancunier. Il était à présent sans aucun repère. Il passa de nombreux mois à regretter sa vie, à tenter de comprendre où il avait mal agi, sans aucune conscience du mal qu’il avait causé. Survivant du mieux qu’il pût, il comprit vite qu’une vie de solitaire en pleine nature sauvage serait amenée à être courte. Aussi, il lui fallu vivre par l’épée.

Chevalier vagabond

Pendant des années, il vécut par les commissions d’un travail au sein d’un groupe de mercenaires. Une fois la rigueur acquise et sa technicité perfectionnée, il se lança dans cette aventure en solitaire, continuant de s’éloigner de ses contrées d’origine jusqu’à en renier son propre nom. Faisant ses preuves dans une nation voisine, il en fut promu soldat. Ses services rendus à la couronne lui ont valu d'être adoubé et d'obtenir le titre de Prime.
Sur le plan personnel, il eut de longues années d’introspection, des années à comprendre le véritable sens du mot justice et la nature profonde du bien et du mal, ayant pu côtoyer ces derniers de près autant en tant que mercenaire qu’en tant que soldat. Lorsqu’il reçut le titre de chevalier, il comprit enfin la lourdeur du fardeau que son crime pèserait à jamais sur lui, l’opprobre que ce dernier jetait sur son âme.
Il ne resta pas longtemps au service de la cour, se prétendant indigne d’un tel titre, il devint ainsi un chevalier errant. Mais dans son cœur, il se revendiquait chevalier déchu.

C’est en tant que mercenaire qu’il a été confronté pour la première fois à une créature de l’occulte. Celle-ci a décimé la moitié de son groupe, et il a fallu plus d’une semaine aux survivants pour en venir à bout.

Son épée se nomme Echoes, en hommage aux réminiscences de son passé qui continuent à le suivre tels des échos.

Son titre est l’abréviation de « Primal Blade », littéralement « la lame primordiale » en langue anglo-saxonne, qui lui a été décerné lorsqu’il a repoussé l’invasion d’un village assailli par une troupe de 120 bandits.