Cassiopea est un enfant de scandale. Née à Papeloa dans la région d'Unys, sa venue au monde n'est pas très bien vue par ce village flottant: en effet, il s'avère que son père est déjà marié et qu'avoir une double-vie dans un si petit endroit n'est pas chose aisée sur le long terme. Mis au pied du mur par son épouse, il renia sa maîtresse et cet enfant pour se focaliser sur les autres et sur son mariage sur le point de couler. Quant à la Moyade, on lui fera largement comprendre que sa présence n'est pas souhaitée. Ni elle, ni son bébé.

C'est ainsi que la jeune Viskuse, qui n'a même pas un an, s'envole pour Kalos, dans l'espoir d'y trouver une vie meilleure. Sa mère posera leurs valises dans la ville de Batisques, un endroit plutôt côté et ensoleillé. Mais la jeune mère n'y trouvera qu'un emploi de femme de ménage dans un des hôtels de la ville, ce qui la forcera à vivre chichement dans un des nombreux logements sociaux de la banlieue.

En grandissant, la petite méduse pose beaucoup de questions: où est papa? Pourquoi ne répond-il pas à mes lettres? Pourquoi je ne peux pas participer aux voyages scolaires? Des questions qui faisaient parfois pleurer maman, alors elle arrêtait. L'argent, c'est une notion abstraite pour un enfant. Mais au fil des ans elle prendra de plus en plus conscience de sa condition sociale, de la précarité de sa vie quotidienne et de la fatigue qui faisait tanguer les jambes autrefois si sveltes de sa mère. Elle n'était pas malheureuse, mais cette sensation de vide s'était déjà creusé un nid confortable au creux de sa poitrine. Alors elle passe le temps à dessiner, pour s'occuper, pour passer le temps, puis parce qu'elle y a prit goût. Elle dessine en particulier des vêtements: ceux qu'elle rêverait d'avoir, et qu'elle tente de reproduire avec de vieilles frusques recyclées. Ce n'était pas du Yves Saint Florges, mais au moins c'était à elle.

Puis vient la fin du lycée: que faire maintenant? Elle rêve d'une école d'art, mais sa maigre bourse et un job à mi-temps ne suffiraient pas à tout payer à Illumis. Alors Cassiopea renonce à ses rêves et prend un emploi dans un café de la ville, où elle sert les touristes venus dépenser sans compter.

C'est là qu'elle fera la rencontre d'Edmond, un Qulbutoké mais surtout le propriétaire d'un des hôtels de la ville. Client occasionnel, il deviendra rapidement un fidèle une fois son regard posé sur la désormais Moyade. La jeune femme d'à peine 19 ans avait parfaitement compris le manège de cet homme de plus de 30 ans son aîné et fit mine de jouer le jeu: un bon pourboire ça fait toujours plaisir. Ce n'est que lorsqu'il lui fait une demande en bonne et due forme devant son patron qu'elle prend réellement conscience du pouvoir qu'elle a sur cet homme. Oh et après tout pourquoi pas? Lui ou un autre...

Grâce à l'argent de son mari, Cassiopea pourra retirer sa mère de son enfer quotidien et lui offrir une retraite bien méritée. Quant à elle, elle peut enfin faire les études dont elle a toujours rêvé! Elle aura bien eu besoin d'une mise à niveau express, mais elle était tellement satisfaite que passer des nuits blanches à travailler ses planches relevait du plaisir. Obtenir son diplôme ne sera qu'une formalité, et elle rentrera à Batisques le temps de savoir quoi faire ensuite: faut bien l'utiliser ce diplôme pas vrai? Son époux n'est même pas dérangé par le fait qu'elle travaille, au contraire.

Cassiopea aurait largement pu se contenter de cette vie, avec un mari plus vieux, une mère à ses frais, une possible carrière dans la mode ou l'illustration...Mais les mondanités étant ce qu'elles sont, un soir un groupe de mondaines lui feront une terrible confession: si Edmond est si tolérant avec elle, c'est parce qu'il joue allègrement au docteur avec sa DRH depuis sa troisième année d'études à Illumis. Ecoeurée, elle fera une scène à l'intéressé devant tout ce beau monde avant de mettre les voiles avec sa mère, direction la capitale.

Adieu et à jamais

Aujourd'hui, elle travaille comme styliste pour Watson dans sa boutique d'Illumis: le succès croissant fait qu'il a bien besoin d'un coup de main sans pour autant dénaturer le concept même de sa marque: de l'unique et du personnalisé. Elle bosse donc sur la collection principale et sur sa propre collection comme Béryl et Sandre; mais elle est également la nouvelle infographiste: avec les autres elle bosse sur les imprimés, les étiquettes, les motifs placés et l’habillage du produit. Si elle ne porte plus son alliance, elle est toujours mariée et en attente de son divorce, les deux partis peinant à se mettre d'accord sur certains points. Ca ne l'empêche pas pour autant de vivre sa vie de femme: il s'est pas privé le premier...