Emett est né il y a longtemps, très longtemps dans les vertes campagnes d'une région de Galar moyenâgeuse. Fils d'un Golemastoc et d'une Exagide, il est issu de la petite noblesse féodale. Il y reçoit une éducation aussi bien intellectuelle que martiale. Il est le seul de sa fratrie à avoir survécu et son père posait de grands espoirs en lui: son destin devait être grand, aussi noble que le sang qui coulait dans ses veines.

C'est ainsi que le jeune Monorpale suivit cette éducation stricte et devint chevalier sous les ordres du roi de Galar, à la cité royale. Par Arceus, que ça le changeait de ses vertes campagnes couvertes de Wattouat! Son jeune coeur bouillonnait de fierté et de détermination: il serait un grand chevalier, respecté par ses pairs et connu pour son grand dévouement à leur seigneur. Mais si protéger la population des bandits et les joutes étaient en soi satisfaisants, sa fougue n'attendait qu'une chose: un vrai combat.

Son souhait ne pouvait pas être plus rapidement exhaussé: une guerre ne tarde à éclater entre Galar et Kalos. Le voyage est rude, la bataille l'est d'autant plus. Emett avait beau être préparé à ça, il ne s'était jamais attendu à autant de barbarie et de sang. Il faudra qu'il prenne beaucoup sur lui pour s'y habituer rapidement et se battre pour son pays: pour la gloire de leur roi, et pour Arceus.

Cela faisait désormais plus de cinq ans qu'il était loin de chez lui: les combats, les sièges, les vaines négociations...Le désormais Exagide ne comptait désormais plus les âmes qu'il avait prises. Son père était mort de la Tuberculose et il n'avait pu être auprès de sa mère pour ses funérailles. Combien de temps allait-il encore devoir combattre pour soumettre cette contrée? Pas longtemps il semblerait, car lors d'une bataille non loin de Romant-sous-Bois, il est grièvement blessé et laissé pour mort.

Emett, croyant son heure arrivée, fut d'autant plus surpris lorsque ses yeux s'ouvrirent sur l'intérieur d'une modeste maison de bois et de pierres, au lieu du lumineux royaume d'Arceus? Où était-il? Sa bouche était pâteuse et son corps lui faisait mal. C'est alors que vint la plus belle femme qu'il ait jamais rencontré, une Desseliande à la chevelure aussi ondulante que la plus calme des rivières. Ses yeux rouges, qui auraient pu passer pour maléfique, exercer sur lui une fascination qu'il ne saurait décrire. Elle disait s'appeler Jezebel, et qu'elle était une guérisseuse du coin: venue pour récolter des herbes une fois la bataille terminée, elle l'aurait retrouvé agonisant et aurait au moins tenté de le sauver.

A ses côtés, le chevalier reprend des forces et découvre un autre envers du décor: les populations Kalosienne étaient terrorisées par son armée, la famine guettait et les soigneurs comme sa sauveuse peinaient à sauver les rescapés. De quoi lui donner matière à réfléchir...D'autant plus qu'il lui faudra de très longs mois pour guérir et se remettre de ses blessures. Mais des mois de bonheur au cours desquls il découvre la signification du véritable amour auprès de cette belle guérisseuse...

Hélas, ses supérieurs finiront par le retrouver. Son corps n'ayant jamais été retrouvé, ses compagnons l'avaient cherché à tour de rôle tandis que la guerre continuait d'éclater. En remerciement pour la guérisseuse, on ne lui fera rien...Mais son chevalier lui sera reprit et sommé de reprendre le combat le plus vite possible. Alors c'est le cœur lourd que l'Exagide ira prouver sa loyauté à sa nation, avec le pressentiment qu'il ne reverrait plus jamais sa douce Jezebel.

Un pressentiment confirmé quelques semaines plus tard: sa mélancolie le rendait parfois distrait, et son imprudence lui coûta la vie, d'une flèche en plein oeil. Son agonie sera lente et douloureuse, et ses dernières paroles seront des excuses pour la Desseliande. Voilà, il était prêt à rejoindre Arceus. Ou peut-être pas...car ce n'est toujours pas chez le Dieu qu'il se réveille, mais dans la cabane qu'il connaissait désormais par cœur.

"Jezebel?"

Comment était-ce possible? Il était mort cette fois, il le savait! Et pourquoi ne sentait-il plus ses jambes? Sa bien-aimée se montre enfin et lui montre son état: il était enfermé dans un tableau. Lorsqu'il a expiré une ultime fois, elle l'a senti et l'a refusé, alors elle a emprisonné son âme dans cette toile, pour qu'ils restent ensembles jusqu'à la fin. D'abord choqué, Emett réalise que sa mie était une sorcière. Mais elle l'avait sauvé, elle n'avait jamais fait le mal: c'était donc ça que l'on appelait une sorcière blanche...

Résigné mais heureux de son sort, Emett commence sa vie de fantôme coincé dans un cadre. Ne pas pouvoir toucher la Desseliande est parfois une torture, mais voir son beau visage tous les jours, surtout en voyant son ventre se gonfler petit à petit: c'était le sien. A défaut de pouvoir sortir, au moins verrait-il son enfant grandir et pourrait être présent pour lui.

Le Jugement dernier

Mais les rumeurs vont vite dans une bourgade aussi petite que Romant-sous-Bois. Jezebel sera bientôt accusée de sorcellerie, comme si la guerre ne suffisait pas et qu'il fallait verser le sang de bouc-émissaires pour se sentir mieux. Elle sera brûlée sur le bûcher avec son enfant avant de pouvoir s'enfuir, ses bien seront pillés et sa maison détruite. Dévasté et impuissant, l'Exagide est vendu sur un marché en ignorant qu'une des soeurs de sa douce est venue reprendre le "territoire" de la défunte, répandant une vague de peste pour se venger des villageois qui ont osé trahir celle qui les soignait, et qui allaient répéter cette bêtise à travers les générations...

A force de passer de mains en mains à travers les siècles, le chevalier avait perdu la notion du temps. Jusqu'à ce qu'un jour il soit exposé dans un manoir de Fort Vanitas, celui de la famille de Yubaba Tsukiyomi. Sentant un lien particulier avec la Pitrouille (qui n'est autre que la demie-soeur de Jezibaba, descendante de Jezebel), il devient ami avec elle et veille sur elle, retrouvant un peu de son humanité d'antan. Il est un peu comme son ami imaginaire, sauf qu'il est bien réel. Et il ne voit pas d'un très bon oeil le comportement du père de cette dernière...