Histoire

“Un tic, un tac puis de nouveau tic, comme un battement de coeur, je vis.”

Isaac est né près de Meanville, dans un petit patelin sans nom où il y avait plus d'animaux que d'habitants et où la principale activité était l'agriculture. Si au départ il se plait dans ce petit patelin où il a grandit, c'est surtout parce que sa passion dès tout petit pour la mécanique et les inventions farfelues trouve son public avec plus ou moins de bonheur. Il y avait toujours des trucs qui cassent et qui avaient besoin d'être rafistolés faute de pouvoir payer de vrai réparations.

Enfant malin et altruiste, il met son intelligence et son habileté au service des autres sans rien exiger en retour. Il ne peine guère à être très apprécié de la petite communauté et fait la fierté de ses parents. Ayant d'excellents résultats scolaires, on le poussera un peu à quitter son environnement rural pour poursuivre ses études en ville, le plus difficile pour lui étant à ce moment là la séparation d’avec sa soeur jumelle mais il finit par s'accommoder d’une vie séparée de la sienne. Finalement, il trouvera sa place à Meanville mais pas forcément dans la recherche ou l’ingénierie, c'est dans les forces de l'ordre et plus particulièrement dans l'unité spéciale dans le déminage qu'il décidera de travailler. A Meanville, les colis piégés et autres bombes pour blesser les nombreux visiteurs du parc d'attraction sont bien plus courants qu'on ne croit. Il fera d'abord un service dans l'armée où il fera ses premières erreurs à ses dépends. Bien vite, il prends le pli de se rafistoler lui même, parfois avec les morceaux de ce qui a failli le tuer. Son type métal s’accommode bien de ce genre d'assemblages et il faut dire que c'est plus facile à réparer que de la chair déchiquetée ou des os brisés.

La plupart des échecs de désamorçage ne l'amochent pas trop, grâce à ses tenues d'intervention et surtout grâce à ses pouvoirs. C'est souvent à lui qu'on fait appel pour les cas désespérés et il en tire une certaine fierté parce qu'il se sait bon dans son métier sans compter que sauver des vies a quelque chose d'assez spécial et qui le pousse à continuer. Vaut mieux lui qu'un autre. Sans compagnon de vie, sans enfants contrairement à d'autres, il n'y aurait guère que ses parents vieillissant et sa soeur pour le pleurer si jamais il devait mal finir dans une de ses interventions, mais il est confiant dans ses capacités et malgré les nombreuses blessures, il se débrouille toujours pour en sortir indemne.

Et puis un jour il y aura l'explosion de trop, celle qui laissera le cliticlic déchiqueté plus que d'ordinaire. Le souffle fut si violent qu'en plus de balayer la banque dans laquelle se trouvait le dispositif, elle expédiera le corps du démineur si loin que les secours ne le trouveront pas et penseront qu'il a été détruit dans la violence de l'explosion. Il n'en était rien cependant et c'est entrecoupé de moment d'absence et de pseudo-coma que le cliticlic, fidèle à ses habitudes, se rafistolera à coup de bric et de broc. Hagard, sans doute trop sonné par l'explosion, il n'a plus de pensées cohérentes et seul des habitudes le poussent à survivre. Recoudre une plaie, empêcher l'écoulement du sang, suturer à coup d'électricité, assurer de nouveaux une motricité, boire, se nourrir, se vêtir. Il fera tout comme un robot dénué de conscience. Errant de poubelles en ruelles sordides, divaguant la plupart du temps sans notion du temps et de l'espace, il finira par atterrir à Zanuelle au grès de ses errances et de ses besoins, encore tout désorienté et sans se rappeler qui ou ce qu'il est. Seul compte pour lui l'action suivante nécessaire au maintien de ses fonctions vitales.