Euphrosyne est issue d'un ancien clan de sorcières de la région de Galar. Ce dernier vivait dans un petit village aujourd'hui disparu, non loin de Paddoxton; un lieu mal famé et oublié des autorités royales, où voir un cadavre dans la rue relevait du quotidien. Oh, comme elles étaient heureuses! Tous ces idiots étaient prêt à céder leurs bourses contre un mauvais sort, une prémonition, un poison ou une potion quelconque. Elles étaient puissantes et personne n'osait venir leur chercher des noises. Du moins, jusqu'au début des années 1610.

Dans un soucis de nettoyer les campagnes et recadrer les populations, le roi avait fait envoyer des corps armés et des religieux dans la région. Sans qu'elles aient eu le temps de se rendre compte de ce qui allait leur tomber dessus, les sorcières furent accusées de pratiquement tous les meurtres qui furent commis au sein de la communauté; mais aussi d'autres crimes divers et variés, comme d'avoir provoqué des maladies, infanticide, cannibalisme ou d'avoir poussé des hommes à l'adultère. Ce qui s'appelle désormais le procès des Sorcières de Paddoxton n'a eu de procès que le nom, car ces femmes n'eurent aucun réelle défense et furent torturées, enfermées puis brûlées sur le bûcher.

Un maigre nombre de ces femmes avait réussi à s'enfuir avant que les emprisonnements ne commencent. Elles changèrent de nom et s'installèrent dans la région de Greebury, où personne ne les connaissait. Elles avaient retenu la leçon: cette fois elles firent profil bas, se contentant de devenir guérisseuses, de pratiquer leur magie en cachette ou carrément renier leur nature magique pour certaines en épousant des hommes de la contrée.

La mère d'Euphrosyne était la descendante d'une de ces femmes. Elle-même sorcière, elle était douée de dons de guérison mais avait choisi de vivre normalement. Elle épouse un agriculteur du coin et enfante une petite Chenipan adorable. Elle aussi, devra vivre en se cachant...afin que le massacre de Paddoxton ne se reproduise plus jamais.

Hélas, un jour qu'elle faisait la cuisine, elle se blessa avec un couteau. Rien de grave, mais assez pour que cela saigne en abondance. Ne voulant pas rester comme ça, elle usa de ses dons pour refermer la plaie et guérir, évitant ainsi une belle cicatrice. Seulement, son mari, qu'elle croyait encore aux champs, avait tout vu.

Elle le savait pourtant en l'épousant, que sa famille était très pieuse, voire conservatrice. Elle connaissait les risques et pourtant, elle l'avait quand même épousé. L'amour vous faisait prendre des décisions parfois stupides...Épouse choyée la veille, la voilà qui fuyait désormais sur les chemins de campagne, son bébé dans les bras. L'homme la poursuivait, un fusil à la main. Elle avait déjà tenté de s'envoler, mais un coup de chevrotine l'avait forcée à revenir au sol et courir. Amochée et à bout de souffle, elle finit par s'enfoncer dans une forêt sombre. Sans le savoir, elle croisera le chemin de la démone Kanna, juste avant que son époux ne l'achève d'un coup dans le dos, en pleine poitrine.

Loin des pleurs

La suite, Euphrosyne la connaît bien: celle qui allait devenir sa mère vengea sa mère biologique, avant de la prendre avec elle. Elle lui apprend à maîtriser ses pouvoirs, en développer d'autres que celui de guérison, et qui sait, peut-être un jour parvenir à se Gigamaxer correctement, comme certains de ses ancêtres. Mais dans la vie de tous les jours elle n'est qu'Euphrosyne Whittle, la fille de l'avocate la plus détestée de Galar et une jeune étudiante en botanique. Pour vivre heureux, vivons caché.