Scène random 2 : Café à la fenêtre


Authors
Wanz
Published
2 years, 6 months ago
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En ce frais matin d'hiver, Alexander Dawnhale, debout à la fenêtre du petit salon, regardait en contrebas à travers les volutes de vapeur dégagées par le café qu'il tenait dans ses mains. Avec la délicatesse digne de son rang, il souffla doucement sur la boisson, dissipant ainsi la vapeur, ce qui lui arracha un petit gloussement attendri. Malgré son âge, il restait sensible à ce genre de choses, une plume effleurant son oreille, la chaleur du feu sur ses joues... Toute sensation inattendue, saisie sur l'instant, pouvait l'émouvoir. Il but une gorgée qui le fit grimacer ; ce café était bien trop corsé pour commencer une journée placée sous le signe de la quiétude hivernale. Voulant se servir un nuage de lait, il tendit sa main vers la table basse, mais avant même que ses doigts d'albâtre n'atteignent le récipient, la servante jusqu'ici en retrait s'en était saisie, et attendait à présent, la tête baissée, qu'il lui présente sa tasse.  Surpris par la vivacité de la domestique, même de si bonne heure, Alexander resta un instant la bouche entrouverte sans bouger, avant de finalement retrouver ses esprits. 

"M-Merci Ashley... murmura le frêle satyre d'un ton hésitant. 

-C'est mon travail, Monsieur, répondit humblement la jeune femme.
-J-Je veux dire... j'aurais pu le faire moi-même, vous savez..." 

Il avait beau avoir toujours vécu de cette manière, assisté pour la moindre tâche, il n'en avait pas moins conscience que cette situation était loin d'être commune à tout le monde. Parfois, la culpabilité de mener une vie si aisée le rongeait, comme en cet instant, où il évitait le regard pourtant avenant de la domestique. Celle-ci s'était à nouveau reculée à l'écart, lui laissant toute la tranquillité dont il pouvait vouloir. La pièce se voyait donc de nouveau plongée dans un silence aussi épais que la neige dans recouvrant la cour.  Resserrant son épais châle crème sur ses épaules; il s'assit dans le fauteuil le plus proche avant de boire une gorgée du café désormais adouci.  Il aurait voulu avoir la prestance de son duc de père, mais là, perdu dans ce siège bien trop grand, il ressemblait simplement à l'enfant que tous avaient du mal à voir grandir. Ses yeux dérivèrent vers la fenêtre et le spectacle immaculé qu'elle offrait. Les massifs, dépouillés de leurs couleurs, croulaient péniblement sous les flocons, et le seul chemin visible était celui formé par les traces de pas de Katherine, la jardinière, qui s'occupait sûrement de tailler quelques branches mourantes. Curieusement, ce paysage monochrome n'avait rien d'ennuyeux pour le jeune aristocrate. Au contraire, il lui donnait à rêver, un peu comme une feuille blanche, vierge de toute idée.