Les Chroniques d'un Lointain Passé



Apprendre à ne pas renier ses racines est une étape essentielle dans la découverte de soi-même. Les fils du destin se tissent progressivement pour rapprocher des individus que rien ne rattache entre eux.

Univers en collaboration avec Rubis et Misical, prenant place dans la diégèse de Sonic The Hedgehog.

Theme Lighter Light Dark Darker Reset
Text Serif Sans Serif Reset
Text Size Reset

Chapitre 1


« Les autres seront là d’ici peu, il faut tenir le coup !

 Tenir le coup ? Tu as vu de quoi il est capable, même tous réunis, nous ne pourrons rien face à lui !

La louve blanche aux reflets pourpres prononça ces mots avec une certaine frustration, ses mèches rougeoyantes virevoltantes face au déluge de flammes qu’elle préparait au creux de ses mains : dans un énième cri de rage, elle libéra son attaque qui se déversa contre leur adversaire. La silhouette noire aux proportions démoniaques se prit le brasier de plein fouet, jurant en reprenant une certaine contenance : dans le vide spatial, son corps se fondait dans la noirceur des abîmes de l’univers, seuls ses yeux injectés de sang et son sourire arborant des crocs féroces étaient discernables dans cette obscurité.

Le deuxième loup avait brandi son épée face à son visage, pivotant cette dernière sur le tranchant de l’acier, scindant son regard en deux d’un air déterminé. C’était son baroud d’honneur, il allait mettre toute son énergie dans cette attaque. Le médaillon à son cou arborant le symbole de la foudre se mit à luire intensément.

— Feu du Ciel, frappons ensemble… 

Fonçant à toute allure, alors que l’adversaire reprenait ses esprits face à l’attaque précédente, ce dernier leva brusquement les yeux : le loup gris aux reflets dorés s’était élancé au-dessus de lui, son arme au-dessus de sa tête, prête à s’abattre sur la silhouette. La foudre gravitait au-dessus de lui dans une danse instable : il était prêt à déchaîner la colère des cieux.

— RAIGEKI ! LA FOUDRE DU JUGEMENT !

Il frappa dans un défilé d’éclairs et d’étincelles, éblouissant l’espace autour d’eux tel un soleil artificiel. Le coup avait touché. Du moins, c’était ce qu’il croyait.

L’adversaire avait stoppé net la lame de foudre entre ses deux mains, toisant le Gardien d’un sourire narquois. D’un mouvement sec, il brisa l’acier de l’arme. Dirigeant sa paume vers le loup, une boule d’énergie noire se forma au creux de cette dernière avant de se déchaîner sur sa cible, propulsant le loup gris sur sa partenaire qui le réceptionna au vol, tous deux épuisés et sévèrement blessés.

— Je suis d’un autre temps, d’une époque où évoquer simplement mon nom faisait frémir des milliers de mondes. Je suis votre Dévoreur, votre Chasseur, l’apocalypse de cette réalité révolue. L’heure des Gardiens s’achève enfin. La prospérité des Djinns est désormais inévitable. Craignez-moi, car je suis l’héritier légitime de votre univers en souffrance, je suis l’écho brisant cette désharmonie du silence. Je suis l’ombre grandissante au profit du soleil. Je suis… Belial !

La louve blanche serra fortement la main de son partenaire, le regardant tristement alors que leur adversaire se mit à dégager une aura des plus massives : la puissance qui émergeait de ce dernier était incomparable à tout ce qu’ils avaient pu affronter au cours de leur existence, elle était poignante, accablante, écrasante. Une brèche se mit à s’ouvrir derrière lui dans l’ombre de l’espace, une menace souhaitant s’échapper.

— Je suis désolée qu’on en arrive là, Silver…

— Saphir…

Le manieur de foudre avait rendu son regard à sa compagne, et au cœur de leur étreinte, leur médaillon respectif se mirent à luire avant d’être attirés l’un vers l’autre. Ils le savaient tous deux désormais, c’était le seul moyen. Dans un dernier baiser, leurs artefacts s’unirent, provoquant un éclat de lumière intense : la bête se mit à brûler face à la clarté étincelante, hurlant de douleur alors que la brèche se refermait derrière lui. Dans un bruit strident, une vague retentit en balayant toute chose sur son passage, s’évanouissant dans le néant.

Plus un bruit, plus une âme dans les environs. Simplement les réminiscences d’une tragédie passée.

Volume I

.:: Le feu et la foudre ::.




25 ans plus tard…


Cette longue journée était enfin terminée. Refermant son ordinateur portable, la louve bailla discrètement : la faune marine de Mobius était des plus intéressantes à étudier, mais force était d’admettre que des périodes de dix heures complètes étaient suffisantes pour la vider de toute force. Surtout ces derniers temps, où ses nuits étaient agitées par divers cauchemars.

Comme à son habitude, elle rejoignit ses deux meilleurs amis à la sortie du campus universitaire, les repérant à leur table au café du coin. Le serpent à plumes remarqua évidemment bien vite les poches sous les yeux de la canidé albinos, réfutant de la tête.

— Tu as encore passé une nuit blanche ? Tu te mines la santé.

— Bientôt ça va être de ma faute. J’ai un peu dormi, mais je n’arrête pas de me réveiller en boucle et en sueur ces temps-ci, fit-elle en haussant les épaules.

— Toujours les mêmes rêves ? Tu regardes trop de films, Rubis. Va voir un médecin – genre moi. J’exerce p’têtre que depuis un an mais je peux te faire un certificat médical pour que tu puisses te reposer tranquillou bilou. 

— Oui Dr. Nagoku, c’est une très bonne idée pour rater mes examens. Sans dec’ Fly, je peux me débrouiller. C’est sans doute le stress de la fin d’année.

La troisième du trio, une dragonne dorée, la regarda tristement en posant sa main sur la sienne.

— On s’inquiète pour toi, t’as l’air toujours à cran ces derniers jours.

— Sipra…

Rubis se mit à soupirer, passant sa main dans sa chevelure, buvant son chocolat chaud en ayant le regard dans le vide.

— C’est pas une période très drôle en ce moment. Mais je vais bien, j’ai toujours tout surmonté jusqu’ici. Je vais m’en sortir.

— On est là, ne l’oublie pas. T’es pas obligée de tout surmonter toute seule, tête d’enclume va.

Lui répondit Fly d’un air taquin, mais néanmoins sérieux. Ses deux amis s’inquiétaient légitimement, et elle ne pouvait que leur en être reconnaissante. Depuis sa plus tendre enfance, ils avaient toujours été à ses côtés.

— Et comment ça se passe la compétition de ton côté ? demande la louve blanche.

— Oh, la dragonne se gratta légèrement la tempe, l’air gêné. Les résultats sont pas foufous, mais j’ai réussi à me qualifier pour la suite du circuit. Moi qui pensais avoir un certain niveau, les championnats internationaux c’est quand même une autre histoire. Y’a vraiment des archers de haute volée.

— Haha, volée, flèches, tout ça.

Silence.

— Oui bon hein, rétorqua le serpent, sirotant sa boisson en les regardant d’un air mauvais. Vous êtes vraiment pas bon public vous deux.

— C’est toi qui as besoin d’un certificat médical pour humour complètement naze, répondit Rubis du tac au tac, suivi par les gloussements de Sipra.

— Ouais ouais, moque-toi si tu veux, tous les patients de mon cabinet sont réceptifs à mes blagues, miss Hurlevent !

— Vu l’attirail qu’il y a dans ton bureau, je veux bien croire qu’ils veulent pas te vexer, monsieur l’alchimiste.

Et ils discutèrent ainsi de tout et rien pendant deux bonnes heures. L’hiver étant prêt à pointer le bout de son nez, les journées étaient courtes et la nuit était tombée depuis un bon moment déjà. Saluant la dragonne et le serpent ailé, la louve reprit le chemin de son appartement, soupirant d’aise lorsqu’elle franchit le pas de sa porte.

Un modeste chez-soi le temps de subsister jusqu'à la fin de ses études. Rien qui ne sorte véritablement du lot : quelques plantes vertes par-ci par-là, ainsi que de la lecture et sa console portable qui l’attendait sur sa table de chevet. Elle ne fit pas de vieux os après cette rude journée, et plongea tête la première dans son lit après un passage à la douche.

Était-ce une surprise ? Encore un sommeil agité. Jamais les mêmes cauchemars, mais aux thématiques similaires : de l’obscurité, des cris, la mort. Elle ne savait guère ce que cela représentait… ou plutôt, elle avait peur d’y accorder trop d’importance. Systématiquement, elle sentait comme une partie d'elle se faire arracher violemment, déchirée en deux, une moitié de son âme qu'elle était sûre de ne jamais revoir...

D’habitude, c’était un moment trop intense au cours de ses rêves qui la faisait se réveiller en sursaut, mais là, ce fut autre chose. Le médaillon doré à son cou, qu’elle ne quittait jamais et qui arborait un éclair enveloppé dans une flamme, se mit soudainement à lui bruler la poitrine. Cela la fit sortir de son profond sommeil ; elle poussa un cri de surprise, enlevant ce dernier par réflexe avant de le jeter au bout de son lit.

Elle reprit ses esprits en prenant de longues inspirations : il était tard, elle n’avait plus les idées claires. Elle s’approcha du médaillon d’un air perplexe : est-ce qu’elle avait rêvé, ou bien ? Elle le toucha : il était encore chaud, et ce dernier se mit brusquement à émettre un faisceau lumineux, éclairant une bonne partie de son appartement.

Se frottant les yeux, elle eut du mal à croire le phénomène qui se déroulait face à elle.

— Qu’est-ce que c’est que cette connerie encore…

— C’est la manifestation de ton potentiel qui s’éveille. Cela signifie que—

La voix mystérieuse fut coupée sans sommation par le cri de la louve : elle se releva subitement, en apercevant une silhouette qui se tenait non loin de son pendentif. Elle prit une poêle posée sur sa commode comme arme, la braquant vers l’intrus.

Ce dernier s’avança dans la lumière de l'artefact : c’était un être mystérieux à la tenue des plus singulières, un long manteau de cérémonie à la teinte verdoyante. Le détail le plus intriguant étant les bandelettes qui parcouraient l’entièreté de son corps et recouvraient une bonne partie de son visage, laissant son œil gauche visible. Ce dernier arborait un iris rouge au sein d’une sclère noire, le rendant encore plus menaçant une fois cette particularité relevée.

La louve était paniquée, mais elle savait néanmoins se défendre : si c’était un cambrioleur, il n’allait pas tarder à le regretter. Pour autant, l'homme restait calme, levant légèrement la main pour lui faire signe de poser son « arme ». Il ramassa le médaillon, contenant la lueur de ce dernier en une sphère de lumière chaleureuse.

— Du calme, Rubis Hurlevent, fille de Saphir et de Silver. Je ne suis pas là pour te faire du mal.

À l’entente de son nom, et pire, de celui de ses parents, la louve à la chevelure albinos laissa tomber son ustensile de cuisine, la bouche légèrement entrouverte. Toujours méfiante, la curiosité et la perplexité avaient toutefois pris le pas sur la peur et la surprise.

— Qu… qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites chez moi ?! Et d’où vous… enfin, comment vous…

Tant de questions lui venaient en tête, elle avait du mal à les organiser. L’intrus déploya soudainement deux ailes au plumage noir, qui vinrent embrouiller encore plus son interlocutrice. À bien regarder son physique, elle en déduit donc qu'il s'agissait d'un pégase. Celui-ci profita de la surprise de la jeune femme qui lui offrit un certain silence, s'en servant pour prendre la parole.

— Je ne suis nullement un ennemi, Rubis. Je suis un ami de tes parents, je m’appelle Haku. Parmi les étoiles, on me nomme le « Guetteur ». 

La lueur de son pendentif enveloppa toute la pièce, changeant brusquement l’environnement de celle-ci : ils flottaient désormais dans un espace aux abysses étoilées. Rubis eut une sensation de vertige en étant subitement transportée dans un tel lieu, mais elle se rendit vite compte qu’elle avait toujours ses pieds fortement ancrés au sol, il ne s’agissait donc là qu’une illusion.

— À la genèse, il n’y avait rien. Notre créateur ou bien le hasard de notre création nous a par la suite légué une pierre faite d’énergie pure.

Entre les deux interlocuteurs se matérialisa une roche luisante, dont les couleurs semblaient varier au fur et à mesure de la conversation. Rubis avait encore du mal à comprendre l’ampleur de la situation, clignant des yeux à plusieurs reprises.

— Cette roche s’est révélée être l’équilibre même de notre réalité. Lorsque la vie est apparue, elle s’est par la suite scindée en plusieurs éléments dispersés à travers le cosmos.

Illustrant le discours de l’inconnu, la roche se brisa en plusieurs parties pour ensuite former des médaillons semblables à celui de la louve.

— Les médaillons de pouvoir ne répondent qu’à certains individus. Des êtres dignes de les porter, afin d’assurer l’équilibre de notre univers. Ils choisissent ceux qu’ils jugent prêt à dévouer leur vie à cette cause essentielle.

— Je… ça va trop vite, attendez…

Voyant que la louve albinos semblait en proie à l’incompréhension et à la limite de la panique, le pégase claqua des doigts pour stopper brutalement l’illusion, le médaillon retombant au creux de sa main, cessant toute lumière. Ils étaient tous deux retournés à l’obscurité de son petit appartement.

— Ça te semblera difficile à croire. Je suppose que tu n’as que peu de souvenirs de ta plus tendre enfance.

— Mes parents sont morts, j’ai été élevé par—

- Mashiro, un tigre blanc. 

Silence. 

— J’ai gardé un œil sur toi durant ces 25 ans, Rubis. Le médaillon né de l’union et du sacrifice de tes parents t’a choisi.

— Sacrifice ? le regard de la louve s’écarquilla quelque peu. Mais…

— Je suppose que ton tuteur avait promis de t’en dire plus sur Saphir et Silver.

— … Oui, il m’avait promis de tout me raconter lorsque je serai diplômée, qu’il fallait que je me concentre sur mes études. Mais il est mort il y a quelques mois… il n’a pas pu tenir sa promesse.

L'inconnu marqua en temps, le regard légèrement détourné, laissant planer un léger instant de flottement avant de reprendre leur conversation.

— Il savait que quelqu’un d’autre la tiendrait à sa place. Qu’il repose en paix. 

Le pégase s’approcha de Rubis, lui tendant le cordon de cuir auquel pendait son médaillon.

— Ce médaillon contient l’équilibre du feu et de la foudre. À l’origine, ils étaient deux, fit-il accentuant une pause de fin de phrase, la louve reprit son artefact en y accordant une fascination qu’elle n’avait jamais démontré auparavant. Le médaillon du feu appartenait à ta mère, celui de la foudre à ton père. Ils ont tous deux bravé un interdit : la fusion de deux éléments pour anéantir une menace qui allait déferler sur notre réalité.

— Attendez, je comprends vraiment rien ! Vous dites, quoi, que mes parents étaient des sortes de dieux ? Qui commandaient aux éléments ? Tch… fit-elle en regardant le pégase d’un air mauvais, les dents serrées. Ne me faites pas rire, je ne sais pas ce que vous cherchez à faire avec vos élucubrations, mais vous feriez bien de déguerpir.

Nulle surprise sur le visage du pégase, les bras croisés, il eut un certain air las en guise de seule réponse.

— Ta réaction est prévisible, néanmoins tes suspicions n’y changeront rien. Tôt ou tard, tu devras suivre la voie tracée par ta mère et ton père. 

— Mes parents sont morts, je vis avec ça sur le cœur depuis 25 ans. Je ne sais pas pourquoi vous me—

— Inutile de tergiverser plus longtemps, jeune Hurlevent, fit-il d’un ton autoritaire, son œil rouge la toisant d’une certaine sagesse. Si tu ne tiens pas à écouter mes paroles, qu’il en soit ainsi. La seule chose que je tienne à ce que tu écoutes, c’est ton médaillon. Si je n’ai pas réussi à te convaincre, lui le fera. Suis sa lumière. »

Tournant le dos à la louve, cette dernière resta dans le mutisme, Haku ayant coupé court à la conversation. Ayant toutefois énormément de questions, elle voulut le retenir, sa main braquée vers lui, avant qu’elle ne se mette à éprouver un léger vertige qui s’amplifia progressivement : elle vit la silhouette du pégase disparaître avant qu’elle ne s’évanouisse elle-même complètement.

Elle se réveilla comme à son habitude, en sueur dans son lit, des courbatures un peu partout dû au stress de la nuit. Encore un drôle de rêve, décidément… Quoique ce dernier était moins terrifiant que les précédents. Se levant, elle fit sa petite routine matinale habituelle, avant que son pied ne vienne marcher sur quelque chose d’étrange sur le sol : une plume noire.

Restant incrédule, elle ramassa cette dernière entre ses doigts, la contemplant un long moment avant de subitement écarquiller les yeux. Elle se précipita sur son pendentif déposé sur sa table de nuit : au creux de sa main, il se mit luire à nouveau, diffusant une lueur qui se précisa en un faisceau unique, comme une direction à suivre. Ce n’était pas un rêve, ou alors elle n’était pas tout à fait réveillée.

Par réflexe, elle se pinça en se mordant la lèvre, poussant un cri de surprise avant de ne se retrouver qu’avec la vive douleur de sa peau légèrement rougeoyante.

C’était bien réel.


CHAPITRE 1 – L’éveil.