Dialogue - Antoan & Lima

Après avoir fait sa petite promenade non loin du campement, Antoan revint dans ce dernier pour y retrouver ses amis. Sur le chemin, il aperçut Lima s’acharner contre un pantin d’entraînement, la sueur coulant sur son visage. Souriant, il se rapprocha d’elle pour engager la conversation.

— Ah, Lima ! Toujours en plein entraînement, à ce que je vois.
— Évidemment ! s’exclama-t-elle tout en s’essuyant le front. Il faut jamais négliger son entraînement, comme disait mon père. Tu devrais prendre un peu plus exemple sur ça, d’ailleurs. Je trouve que tu ne t’entraînes pas beaucoup.
— Je plaide coupable mais c’est pour une bonne cause ! argumenta Antoan en souriant. Quand je ne m’entraîne pas, je fais le tour du coin pour repérer ce qu’il y a d’intéressant.
— Comme, par exemple, les filles du coin ?
— Ça en fait partie, mais je cherche surtout les points d’eau et où trouver des vivres.
— Ça ne m’enlèvera pas de l’esprit que tu négliges ton entraînement, avoua la mercenaire tout en rangeant son épée.
— Mais trop s’entraîner peut aussi être nuisible, tu sais ? Tu devrais peut-être réduire tes séances et profiter un peu plus de la vie.
— Hé, je ne fais pas que ça de ma vie ! s’écria Lima, vexée. Je sais aussi m’amuser !
— Je ne remets pas ça en doute ! se défendit Antoan, les mains devant lui pour essayer de la calmer.
— Bah c’était tout comme !
— Vraiment ! Je dis juste qu’à trop t’entraîner, tu pourrais rater l’essentiel.
— L’essentiel ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Je vois que tu prends très au sérieux ta vie de mercenaire. Mais tu as déjà réfléchi à ce que tu pourrais faire après ? Ce n’est pas un métier que l’on peut faire toute sa vie, je trouve.
— C’est encore un peu tôt pour penser à notre retraite, tu ne crois pas ? répliqua-t-elle tout en se dirigeant vers le banc le plus proche pour s’y asseoir. Nous sommes encore jeunes. Ne me dis pas que tu y penses déjà ?
— J’anticipe plutôt ce que je pourrais faire en cas de pépin. J’aime toujours avoir un plan B dans ce que je fais. Et puis, j’admets que mercenaire n’a jamais été une carrière de rêve pour moi.
— C’est vrai ? Mais alors, pourquoi tu as décidé de le devenir ?
— Pour mes amis, répondit-il avec un ton un peu plus sérieux. Si j’avais laissé Jodan embarquer Mikaeru et Anfuni comme ça, je ne sais pas si j’avais une chance de les revoir. Vu le côté casse-cou de celui-là, j’ai préféré m’en assurer en les accompagnant.
— Oh, ça ne m’étonne pas de toi ! indiqua Lima avec un grand sourire. Tu as toujours été un ami sur qui compter !
— Mais au final, ce choix ne m’a jamais déplu, ni même celui de rejoindre l’Armée de la Libération. Ça m’a permis de faire de belles rencontres tout en voyageant !
— C’est rassurant de savoir que tu y trouves tout de même ton compte ! J’avais peur à un moment que tu aies pu regretter cette vie.

Elle se mit à regarder l’herbe puis continua calmement.

— Moi, j’ai passé toute mon enfance dans une troupe de mercenaire alors je n’ai jamais imaginé une autre vie.
— Après, comme tu l’as dit, tu as encore le temps d’y penser, dit le jeune homme pour la rassurer. Je n’ai pas encore trouvé de mon côté, c’est dire.
— Très sincèrement, je me vois mal faire autre chose. Je veux venir en aide aux gens dans le besoin et pour ça, je dois perfectionner mes capacités au combat. Mais quand tu me parles de ce que je pourrais faire d’autre en cas de souci, je bloque totalement. Aah ça me perturbe beaucoup, maintenant !
— Ah désolé, je ne voulais pas que ça te travaille à ce point... Oh, j’ai une idée ! Nous pourrions prendre quelques temps tous les deux pour en discuter. Je suis toujours une oreille attentive pour toute jeune fille perdue, tu sais ? Pourquoi ne pas prendre une soirée rien que tous les deux pour réfléchir sur notre avenir ?
— Hmm... Attends une minute... Tu n’essayerais pas d’en profiter un peu, toi ? demanda-t-elle en le regardant, tout en haussant un sourcil.
— En profiter ? Je te propose ça comme je le proposerai aux autres. Une bonne soirée à la taverne autour d’une bonne bière et d’un bon repas. Un décor parfait pour causer entre deux frères d’armes.
— Des frères d’armes, hein ? Bon, comme ça, ça me plait bien !

Antoan ne put s’empêcher de penser qu’il pourrait également en profiter pour se rapprocher de Lima. Après tout, peut-être que leurs avenirs n’allaient faire qu’un avec ça ? Cependant, Lima rajouta :

— Mais à une seule condition !
— Laquelle ?
— Tu dois d’abord t’entraîner avec moi chaque jour. Ce n’est pas parce que j’accepte de parler de ça avec toi que tu dois négliger tes séances. Maintenant, je viendrai te chercher pour que tu sois mon partenaire !
— Hahaha ! J’imagine que je n’ai pas le choix ! C’est entendu ! Autant que l’on soit quitte dès le départ.
— Exact ! Chacun doit y trouver son compte dans cette histoire ! Et puis, la négociation est une des compétences de base que les mercenaires se doivent de maitriser.
— C’est une des choses que t’a appris ton père, je suppose ? demanda Antoan avec un sourire en coin.
— Tu as deviné !