L’Envol (FR)

Ne t’en va pas.

Il y avait dans sa supplique quelque chose de déséspéré, sur le point de rompre. Sa voix tremblait dans le crépitement des flammes, ses yeux humides reflettaient la fureur de l’incendit qui dansait, s’embrasait, gonflait tout autour d’eux.

Ne t’en va pas, disait elle encore, les pupilles écarquillées.

Mais elle savait.

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Sous ses plumes gonflées par le vent défilaient les paysages, couleurs tirées alors qu’elles se transformaient à la vitesse de ses battements d’ailes. Il sentait les rayons du soleil sur son échine, la caresse des nuages et la promesse de la liberté. N’y avait-il pas meilleur sentiment au monde ?

Un soudain électrochoc le tira de sa rêverie alors que la douleur vive manqua de lui faire replier ses grandes ailes. C’était donc là la limite de sa laisse, se disait il avec une amertume rongée par des longues années de résignation.

Rentre dans le rang, 630. Personne n’a besoin d’un messager mort.

A contre coeur, il amorça un atterissage d’une lenteur délibérée. Il se sentait arraché à ses véritables origines. Sa vie aurait du se trouver dans les nuages, pas dans ces austères cellules qu’ils tentaient de faire passer pour un foyer. Mais l’horrible collier lui rappela encore une fois que tout ceci n’était qu’un doux rêve, aussi innaccessible que l’étaient les étoiles.

Et alors que ses sabots touchaient enfin terre, ses yeux s’éteignirent une fois encore.

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Ne t’en va pas, ne me laisse pas.

Mais elle savait.

Akhénar avait depuis bien longtemps choisi, entre elle et la liberté.

Et alors que l’incendit dévorait tout sur son passage, le pégase ouvrit ses immenses ailes pour s’élever vers les étoiles, sans un regard en arrière.