Roland de Prydwen's Links
Son ancienne compagne ; l'un des derniers vestiges de son humanité, à laquelle Roland s'accrochait par pur esprit de contradiction. Il savait ce que Morcadès voulait faire de lui, il savait ce qu'elle avait déclenché en le changeant en Demi-Unseelie, et il lutta contre sa nature pendant des siècles pour éviter de lui donner cette satisfaction. Dès leur première rencontre il avait projeté de la trahir, de retrouver sa liberté et un semblant de dignité lorsqu'il aurait pris l'ascendant sur les hommes et les Seelies, mais la force de leurs sentiments respectifs eut finalement raison de ses ambitions. Paradoxalement, c'est la disparition de Morcadès qui mit un terme aux hésitations de Roland. Elle qui avait tant œuvré pour le pousser à la folie n’aurait malheureusement pas l’occasion de le voir se perdre dans une nouvelle quête de pouvoir, cette fois dans le but de se débarrasser de sa part humaine. Désormais enfermé, en proie à la jalousie et à une faim devenue insatiable, il ne se passerait plus un jour sans que Roland ne pense à tout ce qu’il avait perdu ; et tout ce qu’il désirait reconquérir.
Son compagnon, semblable à un trophée dérobé à l'église d'Artos, et avec lequel elle adorait parader. Elle le vit longtemps comme un instrument de vengeance, trouvant extrèmement drôle d'avoir un ancien Chevalier de Cornwall à sa botte, et de le voir s'accrocher désespérément à ce qu'il lui restait d'humanité. Morcadès ne le laissa jamais détourner les yeux de sa propre noirceur, le forçant à embrasser ses instincts les plus sombres, lacérant du bout de ses griffes les dernières rémanences de sa moralité, tirant un plaisir pervers à le voir lutter contre sa nature et échouer lamentablement. En revanche, l'affection qui découla de leur proximité était bien réelle. Au-delà du mépris, de la passion et du désir, il subsistait une forme de pureté dans leurs sentiments. C'est peut-être cet amour inconditionnel qui fit renoncer Morcadès à toute prudence, et qui, à l'image d'un serpent se mordant la queue, la conduisit à mourir dans les bras de sa plus grande réussite.