Un simple livre


Authors
fuelli
Published
5 years, 3 months ago
Stats
647 3

Où Olivier abîme un livre à cause de (ou grâce à) Harahel.

Theme Lighter Light Dark Darker Reset
Text Serif Sans Serif Reset
Text Size Reset
Author's Notes

(Another "I promise I'll translate it later" thingy) 

Cet événement se déroule entre un et deux ans avant l'histoire principale d'Olivier. 

C'était une fin d'après midi comme les autres. Les ennuyeux cours de la journée venaient de se terminer, et Olivier et Jean, comme à leur habitude, avaient décidé de flâner près des rives de la Seine avant de rentrer. Olivier s'intéressait particulièrement aux bouquinistes ; depuis la matinée, il ne faisait que penser à l'argent de poche qu'il avait ramené pour cette raison précise.

Comme d'ordinaire, il se sentait étrange. Cette sensation n'apparaissait que lorsqu'il était avec son plus proche ami d'enfance. C'était une grande joie mêlée à une pression d'être parfait. Son cœur était serré, mais en même temps battait la chamade. À vrai dire, il s'y était habitué. Il lui avait même trouvé une explication : c'était sûrement l'excitation à l'idée d'acquérir un nouveau livre. 

“Celui-là !”, s'écria soudain Olivier, qui se sentit soudain attiré par un stand en particulier. Il tira son ami par le bras, qui se laissa faire. Olivier se pencha sur le présentoir de livres, Jean restant en retrait. Il regardait d'un air amusé Olivier qui, fidèle à lui-même, retrouvait son âme d'enfant lorsqu'il était dans son environnement. Tout à coup, un bruit dur vint tirer Jean de sa rêverie. Olivier venait de faire tomber un livre. 

Un timide “Ah, la poisse !” s'échappa de la bouche d'Olivier. Désolé, il ramassa le livre le plus délicatement (on pourrait même dire respectueusement) possible. Mais c'était trop tard. Le livre était déjà corné. Le vendeur fit la moue: “Tu casses, tu payes, jeune homme.”. 

Olivier jeta un coup d'œil à Jean en soupirant. Il ne voulait pas vraiment, ce livre. L'argent n'était pas un problème, bien évidement, mais repartir avec un livre sans savoir s’il allait vraiment lui plaire lui semblait être du gâchis. Et s’il n'était pas à son goût ? Il allait moisir au fond d'une étagère, et le jeune garçon avait trop d'estime pour les livres pour en supporter la simple pensée. 

Olivier jeta un coup d'œil aux écriteaux du bouquiniste, fouilla au fond de sa poche, et sortit quelques Francs avec lesquels il fit un beau tas bien propre. Il les tendit au vendeur, et repartit avec le livre qui fourra aussitôt dans l'autre poche de son manteau, sans même le regarder. Il fit signe à Jean qu'il était temps de partir. Il se sentait humilié. 

Harahel, de son côté, avait observé tout naturellement la scène, adossé nonchalamment au stand du bouquiniste. Son plan avait marché : c'est lui qui avait remarqué le livre, et l'avait fait tomber. Maintenant, son protégé se retrouvait contraint de le lire. L'ange invisible s'en frottait déjà les mains. 

Olivier, de retour chez lui, et essoufflé d'avoir dû monter les escaliers de son immeuble, s'affala tout habillé sur son lit. Il était seul, où du moins c'est ce qu'il croyait : ni son père, ni sa mère, ni ses soeurs n'étaient à la maison. Allongé sur son matelas, il sentit une bosse. Ce livre. Ce maudit livre. Il le sortit de son manteau. C'était Corydon, d'André Gide. Gide ? Olivier avait sûrement déjà entendu parler de cet auteur quelque part, mais où exactement ? Il serait incapable de citer une autre de ses œuvres. Peut-être que ce livre serait une matière de réparer cette erreur ? Il était assez fin, et semblait pouvoir être terminé d'une traite par le lecteur averti. Parfait. Juste de quoi l'occuper avant que sa famille ne revienne. 

Harahel, sur le pas de la porte, souriait. Il se dirigea vers la salle de bibliothèque de l'appartement des Bernard, laissant Olivier à lui-même. À lui-même, vraiment ? L’ange était confirmé dans l'idée qu'il laissait son protégé entre de bonnes mains.