Once de Mélancolie


Authors
Misical
Published
5 years, 3 months ago
Updated
4 years, 4 months ago
Stats
6 12575

Chapter 2
Published 4 years, 8 months ago
1329

Abelia, maîtresse du domaine de Lekinos, protège et veille sur sa ville depuis des siècles. Elle prend très à cœur sa mission, mais se sent infiniment seule. Sa vie change avec l’arrivée de la Brigade des Morts. Tout comme elle, ses soldats transcendent le temps et elle finit par tissait des liens solides avec eux. Elle ne se doute pas que sa vie va être chamboulée à cause de ses sentiments qu’elle redécouvre.

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Quelque chose ne va pas ?


     Quelques temps plus tard, on toqua de nouveau à sa porte. Abelia en sursauta de sa chaise, s’étant rassise à sa table basse un peu plus tôt. Elle se redressa toute droite, le cœur prêt à sortir de sa poitrine tant il battait fort. C’était Myomu, une jeune servante, qui montra le bout de son nez. La jeune femme en soupira, rassurée, même si elle se sentait encore confuse. Et puis, revoir les cheveux rouge flamboyant de la petite lui rappelait inévitablement ceux de Hood. La petite servante n’était au manoir que depuis peu, même si elle connaissait la Dame avant son arrivée ici. Peut-être depuis plus d’un an. Les temps avaient beaucoup changé… Cette fille était la petite sœur de cet écervelé de Hood. Il vivait seul avec elle, seulement, ses missions se répétaient sans cesse, ce qui laissait à l’abandon cette pauvre enfant. Abelia avait donc eut la gentillesse de la prendre sous son aile, et pour garder un œil sur cette dernière, l’invita à son manoir. Son statut de servante n’était qu’une façade, pour qu’elle puisse circuler librement dans le domaine sans qu’on l’importune. Mais Myomu refusait ce traitement de faveur, et travaillait de bon cœur en guise de remerciement.
Abelia l’aimait beaucoup, elle était pour elle cette petite sœur lointaine qu’elle avait perdue depuis des années. D’ailleurs la jeune fille s’approcha de sa Dame, curieuse, car elle crut voir un détail anormal :

— Ma Dame ? Quelque chose ne va pas ? Vous êtes toute rouge !

La jeune femme se sentit davantage embarrassée suite à cette remarque. Elle cacha son visage avec ses mains, son cœur tambourinant encore. Elle avait honte, tellement honte. Mais elle savait qu’elle pouvait se confier à la jeune servante. Cette dernière ne la trahirait jamais. Abelia, toujours une main sur le visage, fit signe à la jeune fille de s’asseoir face à elle. Sans poser de question, elle s’exécuta et attendit patiemment que sa maîtresse se calme.

— C’est terrible Myomu… J’ai l’impression d’être l’une de ces jeunes filles qui vivent leurs premiers émois… ! Mon cœur bat si fort, je n’arrive pas à me calmer…
— Vous êtes amoureuse de quelqu’un ?! demanda Myomu avec empressement, tellement surprise de l’apprendre.

Elle ? Amoureuse ? Évidemment que non. Mais elle ne put s’empêcher de détourner la tête avec un sourire confus et nerveux. C’était plus compliqué qu’il n’y paraissait. La jeune femme finit par tout expliquer à sa petite suivante. Soulignant le fait qu’elle était persuadée que le chef Karnak avait de sentiments sincères amoureux à son égard et que cela l’effrayait. Myomu l’écouta, sans se détacher de son large sourire. Elle avait toujours connu Abelia comme une femme très calme, et la voir s’agiter à cause d’une histoire d’amour l’amusait beaucoup.

— Dame Abelia, vous l’ignoriez pour Karnak ? Tout le domaine sait qu’il est fou de vous !
— Comment ? Non… Tu te moques de moi ?
— Absolument pas ! Il doit assurer votre protection car c’est sa mission, mais il le fait également parce que c’est ce qu’il désire.
— Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?
— Je pensais que vous le saviez, mais que vous ignoriez volontairement ses sentiments parce que vous aimiez mon frère.

Abelia resta bouche bée, ayant du mal à réaliser ce que sa servante venait de lui annoncer. Karnak était donc bel et bien amoureux d’elle. La jeune femme se mordit les lèvres, se sentant honteuse de n’avoir rien vu. Elle essaya de se remémorer ces derniers mois au côté du chef, se rendant bien compte qu’elle avait dû le torturer psychologiquement sans même s’en apercevoir. Elle était navrée. Même si elle avait une affection toute particulière à son égard, elle ne pouvait lui donner ce qu’il attendait d’elle. Et puis Hood dans tout ce chaos ? Quand Myomu lui avoua qu’elle pensait qu’elle aimait son frère, la Dame du domaine crut que son cœur allait sortir de sa poitrine.
Voyant dans quel état la domestique avait mis sa maîtresse, elle s’excusa :

— Oh ma Dame… Je suis désolée. Me serais-je trompée sur vous ? Comme vous parlez souvent de lui, et que vous vous disputiez tout le temps avec, j’ai cru que…
— Non, ne t’excuse pas, Myomu. Je… J’ai besoin de réfléchir et de remettre de l’ordre dans mes idées. Laisse-moi seule s’il te plait…
— Bien ma Dame… Oh, avant, je vous pose votre courrier sur la table…
— Merci…

La domestique se releva, déposa les lettres sur la table, s’inclina et partit aussi sec. Évidemment, Abelia ne lui en voulait pas. Au contraire, elle l’avait aidé à ouvrir les yeux. La jeune femme se leva et alla à sa fenêtre pour contempler la pluie tomber.

Était-elle amoureuse de Hood ?

Elle ne le savait pas. Elle n’avait jamais ressenti ce genre de chose auparavant. Et maintenant qu’on lui avait pointé du doigt la vérité, elle se sentait plus que bouleversée. Son cœur se serrait et ses joues rougissaient. Une main contre sa poitrine, comme pour retenir les battements de ses sentiments, la Dame soupira. Ses pensées étaient tellement confuses et jonglaient entre Karnak et Hood. Si l’un était amoureux d’elle, qu’en était-il de l’autre ? Et si elle appréciait le chef, que ressentait-elle pour le soldat ? En y repensant, elle remarqua effectivement qu’elle avait très souvent son nom aux lèvres. Encore plus lorsque ce dernier était absent. Elle s’avoua aussi qu’elle languissait de le revoir à chaque départ, comme si elle ne voulait pas qu’il la quitte.
Abelia posa sa main sur la vitre. Ce qu’elle prenait pour de l’amitié ou une grande complicité avec lui était peut-être de l’amour ? Et s’il ne l’aimait pas comme elle ? Étrangement, depuis que cet idiot était entré dans sa vie, elle avait de plus en plus de mal à imaginer son quotidien sans ses pitreries. C’était bien pour cette raison qu’elle était folle d’inquiétude à chaque fois qu’il devait partir en mission solitaire. Elle avait tellement peur qu’il ne revienne pas. Elle niait ses sentiments en se convainquant elle-même qu’elle avait peur parce qu’elle refusait que Hood abandonne Myomu. Seulement, même si elle se souciait réellement de la petite servante, les pensées qu’elle avait pour lui étaient bien parce qu’elle souhaitait le revoir.

Alors oui, peut-être que les autres avaient raison. Peut-être qu’elle était amoureuse de ce soldat dissident. Malheureusement, même si elle en avait pris conscience, cela ne voulait pas dire qu’elle se précipiterait dans ses bras pour tout lui avouer. Après tout, même s’ils étaient devenus amis, il restait son soldat. Et c’était son rôle que de se plier à sa volonté, pas parce qu’il le souhaitait. Il n’y avait aucune chance pour qu’il ressente ce genre de chose…

Abelia se laissa tomber sur la chaise devant sa petite table, tout en soupirant. Que devait-elle faire ?  Taire définitivement ses sentiments ? Tout lui avouer en prenant le risque de ruiner leur amitié ? Elle repensa au chef Karnak. Il avait eu le courage de s’exprimer, et même si elle ne pouvait pas lui offrir ce qu’il attendait d’elle, elle aimerait garder son amitié. Était-elle devenue égoïste ?
Lassée, la Dame du domaine s’empara de ses lettres. Cela lui changerait les idées et la remettrait à sa place.