Once de Mélancolie


Authors
Misical
Published
5 years, 3 months ago
Updated
4 years, 4 months ago
Stats
6 12575

Chapter 4
Published 4 years, 8 months ago
1534

Abelia, maîtresse du domaine de Lekinos, protège et veille sur sa ville depuis des siècles. Elle prend très à cœur sa mission, mais se sent infiniment seule. Sa vie change avec l’arrivée de la Brigade des Morts. Tout comme elle, ses soldats transcendent le temps et elle finit par tissait des liens solides avec eux. Elle ne se doute pas que sa vie va être chamboulée à cause de ses sentiments qu’elle redécouvre.

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Que vas-tu faire ?


     Le lendemain matin, les choses avaient repris leur routine habituelle. Abelia était levée, habillée et coiffée, toujours aussi belle comme si elle n’avait jamais été dévastée la veille. Dans le cas de Hood, il était beaucoup moins glorieux : il prenait son petit déjeuné en compagnie des autres gardes de la garnison, tout en éternuant et en se mouchant. Cet idiot avait certes tenue parole en montant la garde toute la nuit devant sa porte, il avait oublié de se changer et avait passé tout ce temps avec des vêtements trempés. On lui offrit un petit remontant, très fort, un peu alcoolisé et bourré de vitamines. Vu que c’était quelqu’un qui tombait rarement malade, son corps ferait le reste.
Sirotant son breuvage, il se fit interrompre par une petite tête rousse bien connue qui lui sauta dessus dès qu’elle entra dans la salle.

— Hood !
— Myomu !
— Quand es-tu rentré ?!
— Cette nuit-même.
— Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas réveillé ?! fit-elle, vexée.
— Tu ronflais si bien, je n’ai pas eu le cœur à ça !
— Je ne ronfle pas !

La petite sœur rougit de honte et frappa son frère pour le punir. Le soldat ne faisait que ricaner en recevant ces petits coups aussi féroces que ceux d’une mouche.

— Est-ce que tu as prévenu Dame Abelia, au moins ?
— Bien sûr ! Je ne désobéis à aucun de ses ordres ! dit-il, fièrement.

La jeune servante se calma et regarda son frère avec insistance. Maintenant qu’elle était devant lui, elle commençait à douter sur ses propres idées. Dire qu’hier matin encore, elle était persuadée que leur Dame était amoureuse de son frère et que c’était réciproque ! Avec les aveux de Karnak, la donne avait totalement changé. Peut-être que les sentiments du chef avait aidé à éclairer ceux de la noble ? Ou peut-être que la petite servante se faisait encore plus d’idées…
Hood regarda sa sœur en arquant d’un sourcil :

— Qu’y a-t-il ? Tu veux me demander quelque chose ? commença-t-il tout en buvant sa boisson.
— Qu’est-ce que tu ressens pour Dame Abelia ?

Le soldat recracha sa gorgée tant la question était inattendue et Myomu eut un sursaut de surprise. La conversation avait intrigué tous les soldats présents dans la salle. Le voilà maintenant qui devait affronter sa petite sœur et le regard des soldats de la garnison. Il bégaya et préféra entraîner sa petite sœur à l’écart dans le couloir pour éviter plus d’indiscrétion.

— Qu’est-ce que c’est que cette question ? Et devant tout le monde en plus !
— Pourquoi ? La réponse te fait-elle honte ?
— C’est pas la question !
— En effet, ce n’est pas ce que je t’ai demandé !
— Mais d’où ça sort, soudainement ?!
— Mais pourquoi tu ne veux pas répondre !

Leur petite dispute attira les regards des servantes de l’autre côté du couloir. Décidément, ils ne pouvaient être tranquille nulle part. Le soldat choisit donc de poursuivre leur conversation tout en se promenant à travers le manoir.
Pourquoi est-ce que sa petite sœur mettait les pieds dans le plat ? Avait-elle eut des retours sur cette nuit ? Pourtant, les rares soldats témoins du retour d’Abelia sous la pluie n’avait pas assisté à grand-chose. Et porter leur Dame dans ses bras ne faisait pas de lui son amant.

— On t’a raconté quelque chose sur cette nuit ? demanda-t-il, avec une légère inquiétude.
— Pardon ? Non ? Pourquoi ? Il y a quelque chose que je devrais savoir ?
— Non, ce n’est pas important… dit-il en détournant les yeux.

Myomu plissa les siens ; Hood lui mentait ! Il savait quelque chose qu’elle ignorait sur Dame Abelia et cela ne lui plaisait pas ! Que c’était-il passé cette nuit, pendant son sommeil ? Tant pis, il était plus que temps de donner un coup de pied aux fesses du destin ! La jeune servante lâcha donc subitement :

— Karnak a avoué ses sentiments à Dame Abelia. Et elle était bouleversée de les apprendre, parce qu’elle ne s’en doutait pas un seul instant !
— Quoi ?

Pourtant, il n’y avait pas plus évident que les sentiments amoureux de leur chef envers la Dame du domaine. Comment avait-elle fait pour ne pas les voir ? Était-elle dans le déni à ce point-là ? Mais cela expliquait pourquoi elle avait la sensation de ne plaire à personne.
Alors qu’il songeait encore à ce qu’il s’était produit cette nuit, la jeune servante poursuivit, très peu satisfaite des réponses de son frère.

— Que vas-tu faire ?
— Hein ?
— Si Dame Abelia choisit Karnak, que vas-tu faire ? Tu vas t’y opposer ?
— Non… Pourquoi est-ce que je m’y opposerai ?
— Alors… Tu veux dire que ça ne te ferait rien de les voir ensemble ? Tu ne serais pas jaloux ?

Le soldat s’arrêta, réfléchissant sérieusement à cette question. Il n’avait aucune raison valable de s’opposer à leur union, si c’était le désir de leur Dame. Mais il devait bien avouer que dans le fond, cette option le dérangeait. Il avait vécu quelque chose d’unique et intense cette nuit. Il s’était considérablement rapproché d’Abelia et il était le seul à connaître son secret. L’idée que Karnak puisse le partager également le gênait énormément…

— Je n’ai pas le droit de m’opposer aux choix de notre Dame, même si j’avoue que ça ne me plairait pas du tout.

Enfin une réponse à la hauteur de ses attentes ! Myomu retrouva le sourire, elle savait bien que son idiot de frère avait des sentiments pour Dame Abelia ! Il n’y avait plus qu’à confirmer ceux de cette dernière pour qu’un couple se forme ! La jeune servante sautilla autour de son frère et le duo reprit leur marche au hasard dans les couloirs.

— Enfin, te voilà plus honnête ! Je savais bien que tu ressentais quelque chose pour elle ! Je le vois dans tes yeux ! Dès qu’on évoque son nom, il y a une lueur particulière qui brille !
— Quoi ? Une lueur ? Tu délires complètement, tu as lu trop de romance ! Et puis qu’est-ce que ça peut bien te faire ce que je ressens pour elle ? Ce n’est pas comme si les choses allaient changer.
— Je crois bien que si, mon très cher frère ! Si Karnak a eu le courage d’avouer son amour, tu devrais en faire tout autant !
— Pourquoi est-ce que je ferai une chose pareille ? Je ne veux pas qu’elle mette de la distance entre nous à cause de ça. Je ne veux pas perdre sa confiance.
— Oui, mais si tu n’es pas honnête avec elle, alors tu n’es pas digne de sa confiance !

Hood s’arrêta une nouvelle fois, se rendant bien compte des paroles de sa petite sœur. Être digne de sa confiance ? Il voulait simplement éviter des problèmes inutiles en lui avouant tout. Surtout après ce qu’elle venait d’apprendre l’autre nuit, elle n’avait certainement pas besoin d’encaisser encore plus de chose. Puisque les sentiments de Karnak l’avaient bouleversée, il n’osait même pas penser ce que provoquerait son aveu. Deux hommes en qui elle avait confiance étaient finalement tombés amoureux d’elle. C’était plutôt cocasse, puisqu’elle était persuadée ne plaire à personne. En y repensant, il lui semblait que le plus jeune des conseillers était lui aussi tombé sous son charme, et elle lui faisait tout autant confiance. Ils étaient trois finalement. Cian ne s’en cachait pas, Karnak avait tout avoué ; il ne restait plus que lui qui n’avait encore rien fait.
Le soldat dissident passa une main dans ses cheveux, légèrement agacé. Myomu leva les yeux vers lui avec curiosité :

— Alors ? demanda-t-elle finalement.
— Alors je ne sais pas !
— C’est pourtant simple !
— Non. Mais tu as raison sur un point : il va bien falloir que je lui parle.
— Pourquoi ça ne serait pas simple ?
— Il s’est passé quelque chose cette nuit. Elle n’a vraiment pas besoin que j’en rajoute une couche.

La petite sœur fit la moue, il y avait donc bel et bien quelque chose qu’elle ignorait ! Pourquoi refuse-t-il de lui en parler ? La jeune fille croisa les bras, elle aussi agacée.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu as fait une bêtise ?
— Si seulement, mais ce n’est pas ça. Elle a appris une terrible nouvelle concernant sa famille. Elle a le cœur brisé. Voilà pourquoi ce n’est pas le bon moment.
— Au contraire ! Je suis certaine que ce genre de nouvelle lui fera plaisir !

Hood n’était pas très convaincu. Il était décidé à tout lui avouer, mais il n’était pas pressé. Laissons à Abelia le temps de souffler. Ce soir ou demain, il lui parlerait…