L. Reflets de l'Ancien Monde - Le tombeau de glace



Explicit Violence

Après une catastrophe de grande ampleur, une partie de l’humanité est retournée vivre auprès de la nature, abandonnant la vaste Neos, capitale technologique des hommes. Parmi ces exilés, les reculés, certains appelés Porteurs gardent en eux des entités indispensables au maintien de la stabilité. Que deviendra le monde s'ils venaient à tous disparaître ?

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Partie 2 - Chapitre 14


Lucéria sortit de sa chambre à pas lents, épuisée. Une fois de plus, sa nuit avait été courte. Cela faisait près d’une semaine qu’elle enchaînait les soirs de garde, ce qui ne lui laissait que trop peu de répit et de temps pour elle.

Minuit était à peine dépassé lorsqu’elle quitta l’aile des Chasseurs pour se diriger vers l’entrée du Palais présidentiel d’un pas assuré qui ne laissait pas transparaître sa fatigue actuelle. Elle devait désormais recueillir le rapport des soldats qui surveillaient attentivement la ville, conformément à ce qu’elle avait recommandé. Jack était persuadé qu’Anethie attendrait encore au moins deux mois avant d’attaquer, mais de son côté, elle ne pouvait s’empêcher de douter. Elle avait donc pris les devants. Approuvée par la générale Krowder, elle avait pris une troupe sous son commandement, composée de Chasseurs et de militaires, et leur avait confié la mission de redoubler la surveillance des alentours de la ville. 

Elle s’était gardée d’en parler à Jack. Elle ne voulait pas qu’il soit au courant, car elle était persuadée qu’il se serait opposé à cette idée, et qu’il aurait dissous sa faction secrète d’une façon ou d’une autre pour libérer de la main-d’œuvre, au profit d’autres tâches qu’il aurait considérées comme étant plus importantes.

Lucéria venait à peine d’arriver dans l’entrée du palais présidentiel lorsqu’une Chasseresse de rang trois qu’elle avait ralliée à sa cause franchit en trombe la grande double porte de l’édifice. En apercevant sa supérieure, elle se précipita dans sa direction, paniquée.

— Lucéria ! s’écria-t-elle. Le groupe Ouest vient de me rapporter qu’il y a un incendie dans les campagnes de leur côté !

— Comment ? questionna Lucéria en fronçant les sourcils.

— Les champs sont en feu, et les agriculteurs se sont repliés à Neos, répondit la jeune femme en reprenant son souffle. Des soldats sont déjà partis enquêter, et des pompiers ont été dépêchés sur place… Mais nous attendons vos instructions, que devons-nous faire de plus ?

— Inutile de déranger le Président pour cela, répondit Lucéria. Je vais prendre la situation en main. En revanche, je veux que tu demandes aux groupes Nord, Est et Sud de redoubler de vigilance. Et que tu rapatries le plus de soldats possible aux quatre coins de la ville. Connaissez-vous l’origine de l’incendie ?

— Criminel, vraisemblablement, répondit la Chasseresse entre deux bouffées d’air.

— Dans ce cas, envoie toutes les unités disponibles à l’ouest. Il faut qu’on déniche les responsables, coûte que coûte !

— Bien compris !

La Chasseresse, bien qu’encore essoufflée, repartit en toute hâte, tandis que Lucéria se dirigeait vers la salle de communication principale, à grandes enjambées. Elle avait à la fois un mauvais pressentiment qui la plongeait dans le doute, et la satisfaction d’avoir eu raison. Finalement, elle avait bien fait de redoubler de vigilance malgré le rapport de Landa. Peut-être que les prochaines fois, Jack porterait davantage de crédit à son jugement… et d’un autre côté, elle espéra de tout cœur que cet incendie ne cachait pas quelque chose de plus préoccupant encore.


Les loups furent rapidement identifiés et combattus dans les champs enflammés. Les ténèbres de la nuit se rompaient parmi les flammes, chassées par les lumières vives des récoltes qui partaient en fumée, offrant davantage de visibilité aux soldats de Neos venus sur place pour répliquer et chasser les intrus. 

De plus en plus de soldats arrivaient du centre-ville pour repousser les assaillants, qui perdaient progressivement du terrain. Les habitants des environs avaient tous quitté leur domicile dans l’urgence, remplacés par des militaires lourdement armés. Les lames et les fusils cohabitaient entre les parcelles de feu et de cendres, piégeant les combattants dans les fumées opaques et étouffantes, ayant pour seule issue un combat acharné jusqu’à la mort.

Mais la vivacité des loups était à leur avantage. Profitant des déflagrations crachées par le vent, ils échappaient à la vue de leurs adversaires avec facilité, réapparaissant à volonté pour leur asséner un coup fatal, sillonnant entre les flammes et utilisant leur vision perçante pour ignorer la pénombre.

Le combat s’intensifia. Les renforts semblaient sans limite, arrivant en masse depuis Neos. Lorsque Kerem leva les yeux après avoir mis un autre ennemi hors d’état de nuire, il fit un grand signe de son bras pour que ses troupes commencent à se retirer, et son appel puissant relaya sa décision. Au loin, il discernait d’imposants véhicules blindés qui progressaient dans leur direction, infatigables, inarrêtables.

Il ne leur restait plus qu’une chose à faire : empêcher les Neosiens de battre en retraite. Survivre tout en les maintenant près des flammes, le plus longtemps possible, afin de donner à Athem le temps qu’il lui fallait pour atteindre le palais présidentiel.

Afin que le coup fatal puisse enfin être porté.


Il était environ cinq heures du matin lorsque des cris de panique des rares citoyens encore éveillés retentirent dans les quartiers du sud. Les fêtards éméchés virent passer, à leur plus grand étonnement et effroi, de véritables régiments de loups et d’aigles qui se mirent à fourmiller dans les ruelles, cavalant sur les toits des tramways encore endormis, progressant vers le centre-ville à une vitesse effrayante. Sans chercher à les arrêter de quelque manière que ce fut, les Neosiens ne purent que prévenir les autorités tout en se jetant hors de portée de la horde de Reculés armés jusqu’aux dents, abasourdis par l’invasion soudaine qui venait troubler leur fin de soirée. 

Athem courait aussi vite que possible, quelques-uns de ses meilleurs soldats sur les talons. Au-dessus de lui, Sha-Lin planait en direction du centre-ville, lui indiquant la direction à suivre. La jeune femme avait déjà sa petite idée de la zone à atteindre, même s’il leur faudrait du temps pour y parvenir, malgré la vitesse des loups. Néanmoins, elle était une cible privilégiée pour les tirs aériens, et savait qu’elle devrait redoubler de prudence.

Une poignée d’autres aigles, dont Ferox, sillonnaient les cieux à ses côtés. Certains avaient repris une forme entièrement animale pour redoubler d’agilité et d’aisance en vol. Mais évoluer près des surfaces des hautes structures de Neos était à la fois périlleux et téméraire ; ils savaient que dès que Neos aurait anticipé leur trajet, des tireurs se mettraient en place et n’auraient plus qu’à les tuer à distance.

Avant cela, il leur fallait atteindre le Palais. Coûte que coûte.


Le premier coup de feu lui fit l’effet d’un plongeon dans de l’eau glacée. Sha-Lin sentit son cœur doubler d’allure lorsqu’elle vit un aigle à sa droite se crisper, relâcher ses ailes, et se laisser tomber comme une pierre vers le sol, avant de s’écraser sur un parterre de végétation aménagé.

La jeune femme n’entendit pas son propre gémissement de détresse, et ce fut à cet instant que son cerveau se déconnecta de la réalité. Elle tâcha dès lors de garder un contact visuel avec Ferox, dont le vol rapide et puissant à ses côtés la rassurait, faisant désormais figure d’ultime rempart contre la folie, et contre les sommations de son instinct de survie qui lui hurlait de prendre de l’altitude pour fuir cet enfer au plus tôt.

La contre-attaque des Neosiens ne s’arrêta pas là. Plus rapidement que ce qu’Athem avait envisagé, les militaires de Neos, armés de puissantes armes à feu, commencèrent à tenter de bloquer leur progression dans les ruelles. Dans les plus étroites d’entre elles, ils n’avaient généralement pas le temps de faire feu avant de recevoir une volée de dagues tranchantes, mais leurs renforts se densifiaient. Le regard infaillible des aigles peina bientôt à déceler les voies les plus sûres, tant et si bien que certains d’entre eux durent redescendre près du sol pour aider les loups à combattre. 

Sha-Lin peinait de plus en plus à conserver sa trajectoire, en raison des tirs en rafale qui perçait les cieux dans sa direction. La chute des siens les uns après les autres la forçait pourtant à continuer, tandis que sa formation s’ouvrait progressivement, espérant diluer ainsi les forces militaires sur une zone plus grande, laissant le champ libre aux loups qui cherchaient à atteindre le palais présidentiel.


****


Lucéria mit fin brutalement à la conversation qu’elle venait d’avoir avec l’officier qui relayait la surveillance au sud de la ville. Elle sortit de la salle des communications en toute hâte après avoir laissé de nouvelles instructions au Chasseur qui l’avait retrouvée sur place. Plus de raison d’en douter désormais : l’attaque à l’Ouest n’avait été qu’une grossière diversion. Alors que les véhicules blindés se dirigeaient bêtement vers les champs en flammes, une nouvelle troupe, visiblement mieux organisée et bien plus véloce, progressait à toute vitesse en direction du centre-ville depuis la frontière opposée de Neos. 

Lucéria traversa le hall du palais présidentiel, pour gagner en toute hâte l’aile des Chasseurs. Elle fulminait. Elle avait pourtant maintes fois tenté de convaincre Jack que les loups devaient forcément mijoter quelque chose d’autre. Qu’une fois son engouement primaire retombé, après y avoir bien réfléchi, cette histoire relatée par Landa lui semblait suspecte. Trop belle pour être vraie. Sa frustration lui gonfla les poumons, et lorsqu’elle arriva devant la chambre de Jack, elle frappa la porte de toutes ses forces, sans épargner les potentiels endormis qui chercheraient encore quelques bribes de repos. Le temps que Jack se lève et vienne lui ouvrir, Lucéria fit les cent pas devant la porte, malmenant nerveusement sa longue chevelure en désordre et oubliant ses manières habituelles.

Jack ouvrit sa porte quelques instants plus tard, stupéfait par ce réveil forcé. Lucéria le fusilla du regard en retour, et prit une grande inspiration.

— Tu es fier de toi, j’espère ! cria-t-elle à son associé qui la fixait toujours avec un air interdit. Grâce à ta naïveté, les Reculés ont lancé un assaut sur Neos beaucoup plus tôt que prévu ! Ils ont déjà pénétré la ville et…

— Lucéria, du calme ! l’interrompit Jack de sa voix puissante. Combien sont-ils ; cinquante ? Pas la peine de faire un tel boucan, les Chasseurs de garde vont…

— Ils sont plus de cinq cents ! répliqua Lucéria en hurlant d’autant plus fort. Et encore, c’est que les estimations ! Je te conseille de te mettre au travail rapidement, Jack. Il y a une troupe de Reculés enragés en approche, et s’ils sont effectivement plusieurs centaines à débarquer ici, j’ai peur que même notre artillerie devienne obsolète !

Jack repartit en toute hâte dans sa chambre pour revêtir sa tenue de service, tandis que la frustration le gagnait à son tour. Ce n’était pas censé arriver si vite, et il bouillonnait de constater que finalement, Lucéria avait eu raison de se montrer quelque peu méfiante. Il ressortit de sa chambre et fit sonner l’alarme dans l’aile des Chasseurs, exigeant un rassemblement immédiat.

Jack et Lucéria se rendirent dans le hall les premiers, attendant nerveusement que les Chasseurs présents cette nuit-là se lèvent et les rejoignent. Au total, ils furent vingt-trois à se présenter dans la vaste entrée du Palais, leurs tenues de service enfilées à la va-vite, le visage encore épuisé et stupéfait par ce réveil soudain. Mais plus que tout, c’était la peur qui les rongeait : chacun avait apporté ses armes, et craignait d’être envoyé là où le conflit avait déjà éclaté.

Car aucun d’entre eux n’était vraiment prêt pour ce qui arrivait vers eux à toute vitesse.

— Lucéria, l’interpella Jack, je veux que tu ailles au quartier des communications pour donner des instructions à…

— Ne t’avise pas de me donner des ordres ! hurla Lucéria face aux Chasseurs muets et consternés. Fais ce que tu veux de ton côté, moi je vais prévenir monsieur James. Lui au moins il saura quoi faire. Et à vrai dire, j’ai bien plus confiance en lui qu’en toi, toi qui n’es pas fichu d’anticiper une attaque de cette ampleur malgré toutes tes années d’expérience !

Sur ces mots, elle tourna les talons et repartit en toute hâte vers le premier étage, sous le regard médusé de ses alliés qui l’observèrent disparaître sans mot dire.


Lorsqu’elle s’arrêta devant les portes imposantes du bureau de Nelson, essoufflée après sa montée rapide de l’étage, elle hésita. L’aube était encore loin. Elle douta de la convenance de faire irruption dans le bureau de son supérieur à une heure pareille, sachant qu’il était vraisemblablement encore assoupi, dans ses quartiers adjacents auxquels lui seul avait accès.

Mais même malgré tout cela, et le fait qu’elle ne s’était pas entretenue avec lui depuis longtemps, elle était bien obligée de le mettre au courant de cette attaque, avant que la situation n’empire. 

Alors elle toqua à la porte, et ouvrit sans même attendre qu’on lui réponde.

Elle pénétra dans le bureau à pas lents, qui était ouvert, à sa surprise. Mais elle fut plus étonnée encore de découvrir que Nelson s’y trouvait, accompagné d’une jeune femme que la Chasseresse reconnut immédiatement comme étant Keiko, la Porteuse venant d’Amelicäa. Elle portait un simple vêtement ample qui avait glissé de son épaule, et qu’elle n’avait pas cherché à remettre correctement. Ses cheveux en pagaille indiquaient qu’elle n’était pas levée depuis longtemps – ou n’avait peut-être pas dormi du tout.

La jeune fille s’était retournée dans un sursaut en entendant la nouvelle venue arriver. Elle tremblait des pieds à la tête, ses bras enserrant son buste comme pour se protéger. Au vu de ses yeux rougis et de ses quelques reniflements, elle avait dû pleurer récemment. Face à elle, éclairé par un simple luminaire posé sur son bureau, Nelson lui jetait un regard consterné, et préoccupé.

Lucéria referma la porte derrière elle. Il lui apparut évident que quelque chose n’allait pas, à en juger par la tension dans l’air, l’état de détresse évident de la jeune visiteuse, et la précocité de cette entrevue. Nelson, quant à lui, s’était probablement réveillé seulement quelques minutes auparavant ; ses cheveux qu’il avait l’habitude de coiffer minutieusement lui tombaient en pagaille sur le front, et il semblait bouleversé, perdu.

— Monsieur James, commença Lucéria. Je suis désolée de vous déranger si tôt. Mais on vient de me rapporter qu’une attaque de grande ampleur venait d’être lancée sur la ville, et je…

Nelson leva sa main, et elle s’interrompit. 

— Lucéria, dit-il. Sais-tu où est Elias ?

Sous le coup de la surprise, la jeune femme ne répondit pas immédiatement. Puis elle réfléchit à la question, et se souvint avoir vu l’homme revenir à ses quartiers la nuit précédente, dans un état second qui l’avait interpellée sur l’instant.

— Dans ses quartiers, répondit la jeune femme. Il me semble qu’il se repose toujours. Mais nous n’avons pas le temps de le solliciter, il faut…

Keiko retint à grand-peine un mugissement étouffé, et Nelson lui jeta un regard soucieux.

— Elias a dérobé l’Esprit de Keiko cette nuit, affirma subitement la voix ferme de Nelson à l’intention de sa Chasseresse. 

Lucéria ouvrit de grands yeux. Elle était pourtant sûre que le plan initial était de mettre les Porteurs en sécurité, pas de leur dérober ce qu’ils avaient de plus précieux. Pourquoi avoir agi de la sorte ? Et surtout, comment en avait-il été capable, étant déjà Porteur lui-même ?

Soudainement, un coup de feu retentit à l’entrée du palais. Lucéria se retourna par réflexe, horrifiée. Les Reculés étaient-ils déjà à leurs portes ? 

Elle se retourna vers Nelson, qui avait entre-temps relevé ses yeux vers elle. Cet échange de regard leur suffit pour comprendre tous deux ce qui se passait, et ce qu’ils se devaient de faire.

— Je te confie cette ville, déclara Nelson, d’une voix résignée qui inquiéta la jeune femme. Je vais donner l’ordre de mettre Elias sous entraves dès que l’occasion se présentera. Emmène Keiko en sûreté et défends nos citoyens. Je t’en prie.

Lucéria déglutit. Même depuis le bureau de Nelson, elle pouvait entendre les coups de feu et les exclamations sonores des militaires qui encaissaient l’attaque soudaine du mieux qu’ils le pouvaient. Elle s’avança à pas lents vers la porte, et au lieu d’en saisir la poignée, elle la verrouilla. Elle observa sa ceinture, vérifiant que ses dagues effilées y étaient toujours accrochées, et se tourna vers Nelson, cherchant son regard sous le voile sombre qui avait recouvert ses yeux.

— Cet endroit est le plus sûr du Palais, et je refuse de vous abandonner à votre sort, Monsieur, déclara-t-elle avec fermeté. Je resterai ici, et vous protégerai jusqu’à ma mort.

Nelson la fixa longuement en retour. Déterminée,  Lucéria resta droite, et ne baissa pas les yeux. 

— Tu as toujours été têtue, en dépit de ta loyauté, soupira Nelson. 

— Mais moi, je tiendrai mes promesses, répliqua-t-elle.

Un silence s’ensuivit. Tendue, Lucéria continuait d’observer son supérieur, attendant une réaction de sa part, un geste, une parole. Quelque chose pour lui prouver qu’il était encore lui-même, qu’il allait assurer son rôle jusqu’au bout, et lui attribuer toute sa confiance afin de tenir bon face à l’invasion soudaine.

Les pensées de la Chasseresse furent brutalement interrompues par son téléphone, dont la sonnerie retentit avec force. S’excusant vivement de cet appel, qu’elle jugea néanmoins bon de recevoir étant donné la situation, Lucéria décrocha et entendit la voix de l’un des Chasseurs qui lui faisait un rapport de la situation. 

Un rapport selon lequel loups et aigles avaient réussi à atteindre le Palais présidentiel, et qu’une bataille faisait rage dans l’entrée du bâtiment. Une autre information, considérée moins fiable, lui fut également transmise.

Lorsqu’elle l’entendit, Lucéria sentit un frisson intense remonter sa colonne vertébrale. Tremblante, elle se tourna lentement vers Nelson, sans raccrocher, laissant son interlocuteur continuer inutilement son monologue sur la situation. Le président fronça les sourcils, comme s’il devinait soudain de quoi il était question.

— Sephyra… commença Lucéria. Elle est revenue.